Hercule est un personnage mythologique qui aura connu une certaine carrière dans le 7ème art, mais malgré tout, jamais un film basé sur lui n’aura traité avec sérieux sa légende. Entre les nombreux péplums nanars sortis entre les années 60 et 80, la tentative ridicule par Disney et même le film de Renny Harlin sorti cette année, on peut avouer que notre ami fils de Zeus n’a pas été gâté ! C’est pour cette raison que j’attendais beaucoup de cet "Hercule" d’autant plus que Dwayne Johnson me paraissait un très bon choix pour l’incarner ; attente qui fut néanmoins refroidi par l’annonce du réalisateur, Brett Ratner, celui qui n’a plus rien fait de bon depuis "Argent Comptant" et les deux premiers "Rush Hour" !! Alors, ai-je vécu à nouveau les horribles sensations que j’ai connues lors du visionnage de "Rush Hour 3", "Dragon Rouge" et "X-Men 3" ? Et bien je ne vous cache pas que je suis tout de même déçu par ce "Hercule" : encore une fois, nous avons un métrage qui n’a que faire de la mythologie du personnage, donc vous ne verrez pas de dieux, pas de créatures fantastiques ni d’exploits (on en fait juste mention dans l’introduction du film : à ce titre, la bande-annonce s’est bien moquée de nous !) Mais alors, le film est-il mauvais pour autant ? Et aussi surprenant que cela puisse paraître, la réponse est non : si le film choisit d’omettre totalement le côté mythologique du personnage, c’est justement pour traiter directement la « légende » ou plutôt comment naît la légende. Hercule nous est donc présenté comme un humain normal, un soldat impressionnant doté d’une force fabuleuse qui vit en tant que mercenaire avec ses acolytes et dont la réputation n’a fait que croître à travers les récits fantaisistes que l’on fait de ses batailles. Bien entendu, Hercule et ses hommes n’oublient pas d’œuvrer pour le bien pour que l’on encense son nom à son passage dans chaque royaume. Ce concept est très original et il est assez agréable de voir une telle modernité dans la façon de décrire ce genre de personnage : cette volonté de casser les mythes anciens et de rendre compte qu’au final les plus grands récits bibliques ou antiques peuvent être issus d’interprétations variées (c’est ce qu’a tenté de faire aussi Aronofsky avec son "Noé"). Le concept est même poussé à son extrême limite lorsque notre héros, afin de sauver ses amis, doit faire l'effort de croire lui-même en sa propre légende fantasque. Brett Ratner possède donc un bon fond et fait tout pour que la forme soit tout aussi bonne : sa mise en scène nous propose un travail bien plus poussé et maîtrisé que ce qu’il avait l’habitude de nous proposer dans ces autres métrages : montage dynamique soutenant parfaitement le rythme du récit, plans larges nous gratifiant de jolis paysages et décors, les séquences de combats sont bien menées nous proposant fureur et hardiesse. Malheureusement pour nous, il s’agit de fureur édulcorée car Ratner doit tout de même se plier aux exigences des producteurs en matière de recettes : vous ne verrez donc pas jaillir des jets de sang lors de ces combats vigoureux, l’autocensure obligée par la classification PG-13 emmenant le film loin des envolées gores et graphiques de la série « Spartacus » (comme quoi, la liberté artistique a ses limites !) Faisant preuve d’audace et misant sur une action débridée avec de bons effets spéciaux, "Hercule" est un film doté d’un certain enthousiasme (et le fait que Dwayne Johnson soit un acteur au capital sympathie énorme y joue pour beaucoup !) qui en fait un bon et intelligent divertissement, surtout si on le compare à de précédents nanars ("Le Choc des Titans", "La Colère des Titans", "La Légende d’Hercule"). En tout cas, Brett Ratner vient de prouver qu’il est capable de faire quelque chose de potable quand il veut bien s’en donner la peine…ce qui est plutôt rassurant quand on sait qu’il doit réaliser prochainement "Le Flic de Beverly Hills 4" !