Non, honnêtement Fair Game il passe à côté, et pour être franc ce n’est pas du tout à cause de Crawford. Ce film est bien mauvais.
Je vais commencer par les maigres bons points. D’abord son duo d’acteurs principal qui s’avère plutôt sympathique. Baldwin et Crawford jouent leurs personnages avec un certain entrain, même s’ils ne font pas non plus des étincelles. Baldwin emporte surtout le morceau par sa décontraction, et Crawford par son charme, mais l’un et l’autre ne sont pas non plus des foudres de guerre, et ils restent « sympatoches ». Berkoff en fait des tonnes dans son rôle de grand méchant. On aura plaisir à voir Hayek dans un petit rôle au départ. Pour le reste, rien à retenir de particulier.
Autre bon point, quelques bonnes scènes d’action, et surtout des effets pyrotechniques spectaculaires et réussis, qui pimentent un peu l’ensemble qui s’avère sinon bien longuet.
Voilà, je crois que j’ai fait le tour des points positifs. Ah non, j’oubliais une certaine méchanceté par moment qui remonte un peu le niveau, mais entre deux bouffonneries ce n’est pas très à propos. Passons aux négatifs.
D’abord le scénario. C’est juste nul. Il n’y a pas d’histoire en fait, juste une sorte de pseudo-trame incompréhensible en arrière-plan qui doit justifier péniblement ce qui se passe sous nos yeux. En fait le film est une longue course poursuite, mais terriblement molasse. Le film dure 1 heure 30 il m’a paru durée le double ! C’est atrocement redondant (l’héroïne prend au moins trois douches, les méchants passent leur temps à faire des demi-tours en voiture et à infiltrer tous les réseaux informatiques de la planète. Il y a une multitude d’incohérences et de poncifs affligeants (les méchants qui ne saisissent jamais l’occasion alors qu’ils tuent sans sourciller l’individu lambda). Enfin il y a des trucs simplement ridicules comme la scène de sexe dans le train qui arrive en plus comme un cheveu sur la soupe et dont la conclusion fait bien pitié. En sommes l’histoire commence pas mal, j’ai envie de dire jusqu’au motel, mais après c’est aberrant de niaiserie, le film en plus se prenant très au sérieux. Il alterne de fait de bonnes scènes violentes voir sombres, avec des clowneries de bas étage. Le mélange a énormément de mal à convaincre.
Sur la forme, ce n’est pas beaucoup mieux. Le réalisateur nous offre un produit très formaté avec beaucoup trop de séquences ratées. Je pense notamment à la fusillade juste après la première explosion qu’un Wynorski des mauvais jours n’aurait surement pas reniée. Le final est aussi une catastrophe ambulante coté réalisation. Je ne parle même pas de la fameuse scène de sexe qui en plus met en cause la photographie. C’est simple on est dans un train de marchandises, et les éclairages, les jeux de lumières nous ramènent dans une ambiance nightclub libertin ! C’est juste incroyable de débilité. Quant aux décors, visiblement le budget de 50 millions a été absorbé par le salaire de Miss Crawford car on ne peut pas dire que Fair Game est très décapant. On a parfois même du mal à se croire en Floride. Enfin la bande son n’est pas au point. Il ne ressort rien de cette dernière, ce qui est très problématique étant donné le ton du film qui je pense se prêtait à quelques bonnes chansons pop un peu passe partout mais toujours agréables.
En somme Fair Game est un beau ratage, et je suis assez triste en fait. Crawford n’est pas à la masse dans son rôle, Baldwin se démène comme un beau diable, on sent le produit fabriqué mais qui aurait pu être un divertissement fun de l’époque, mais non. La sauce ne prend pas car il semble que le fait d’avoir Crawford a incité au bâclage du reste. Je donne 1, avec un final moins mauvais j’aurai pu pousser jusqu’à 1.5, mais en tous les cas ce n’est pas concluant.