Encore un film sur les jeunes couples et leur premier enfant ? Sauf que le réalisateur est Rémi Bezançon, découvert avec « Le Premier jour du reste de ta vie ». C'est un peu comme Etienne Chatiliez et ses films culte (« La Vie est un long fleuve tranquille », « Tanguy »), quand on en aime un, on est bien parti pour aimer les autres. L'histoire de ce nouveau film est moins originale, mais c'est justement ce qui en fait sa réussite. Il apporte un éclairage authentique et sans concession sur la réalité de la venue d'un enfant dans un couple.
Barbara (Louise Bourgoin) et Nicolas (Pio Marmai) se croisent dans la vie. Elle prépare une thèse de philosophie. Il est fana de films, de BD et de jeux vidéo. Ils se regardent, se sourient et se séduisent via pochettes de films interposées. Leur relation passionnelle s'enflamme rapidement et s’engage naturellement vers la conception d'un enfant. Et c'est monsieur qui demande le premier, pour une fois...
Tous les stades, tous les clichés et tous les travers des affres de la maternité sont déroulés pour illustrer cette situation aux conséquences ô combien fondamentales dans la vie d’un couple. Le film nous présente tout ce qui passe dans la tête de la future maman puis dans sa réalité de mère : découverte des changements physiologiques, nausées, libido exacerbée, choix du prénom, parents-zombies par manque de sommeil, tire-lait en fonte véritable, pliage de poussette et séances de kiné pour le travail du périnée, sans oublier bien sûr les belles-mères. On découvre sans surprise la BCBG qui veut tout régenter (Gabrielle Lazure) et la post soixante-huitarde pleine d’amertume (Josiane Balasko).
Tout le monde s'y retrouve, c’est une réalité universelle qui touche les futurs parents, les jeunes parents, les parents de grands ou les grands parents. Les scènes cocasses alternent avec les situations poignantes et le film réveille des souvenirs et des émotions qui touchent le spectateur en plein cœur.
C’est aussi l'histoire d'une mère tellement fusionnelle avec son nouveau-né qu'elle en tombe dans la confusion, happée par la « secte du lait ». Dans ce rôle, Louise Bourgoin s'y découvre, s’y donne, s'y écorche sous les lames et s’y noie dans les larmes. Elle s'abandonne dans cette réalité de toutes ses forces.
A travers cette comédie douce-amère, le réalisateur a su exacerber toutes les fausses notes de la maternité en les partageant de manière attachante et drôle et en glissant quelquefois sur l’ironie pour tomber dans la dérision. Le spectateur rit aux éclats ou se fige sur son fauteuil, mais il sent que Rémi Bezançon aime la vie et ses personnages. C’est pétillant, intense et mordant.
Alors est-ce vraiment un heureux évènement ? Certainement au début, dans la projection des envies et des rêves du futur. Pour ce qui se vit ensuite, je vous laisse vous faire votre propre opinion : pour un couple, l’arrivée d’un enfant n’a-t-elle que d’heureuses conséquences ?