En lisant les critiques du film, je me suis immédiatement dit qu'il fallait que j'en écrive une. Simplement parce que j'ai l'impression qu'ici une bonne partie des spectateurs considèrent que Romero est un réalisateur de bons films d'horreur amenant les qualités que de tels œuvres apportent : des effets gores réussis, des zombies réalistes etc... En somme, Romero serait un réalisateur de bons divertissements. Or, c'est réduire totalement le réalisateur et particulièrement ce qu'il apporte en terme de réflexion politique et sociale sur l'Amérique, au travers notamment de la figure du zombie. Chaque film de sa "saga" de zombie apportait une analyse, souvent fine et riche, sur l'état de l'Amérique. Ainsi (pour résumer de manière brève), "Night of the dead" faisait écho à la guerre du Vietnam et aux tensions raciales de la fin des années 60 (tout en rendant hommage au mouvement contestataire que les zombies représentaient), "Zombie" apportait une satire du consumérisme avec comme temple de la consommation les grandes surfaces etc... Mais "Diary of the dead" marqua un tournant. Analyse de la médiatisation à outrance, critique des médias de masses américain, le film souffrait néanmoins d'une mise en scène foundfootage qui, même si elle servait le propos, n'évitait pas les clichés du genre. Cette rapide remise en contexte de "Survival of the Dead" qui sort donc deux ans après "Diary of the Dead" est importante car elle permet de pointait ses défauts. Pendant une grande partie du film, les zombies ne sont utilisés que comme une figure burlesque, on a donc droit à des scènes à l'humour assez irritant et malvenu. Mais, pire encore, ils ne sont plus un outil de réflexion (mise à part à la fin, sur laquelle je vais revenir) mais simplement des clowns, utilisés dans des jumpscares et des scènes comiques. Comme si Romero voulait surfer sur la vague parodique qu'a popularisé "Shaun of the dead", mais avec l'aisance en moins. En plus de ce triste constat, la mise en scène est totalement impersonnelle, et les effets gores n'ont plus aucune valeur à cause de l'utilisation flagrante du numérique, détruisant tout impact de dégoût sur le spectateur. Comment construire un discours à partir de ça ? Malgré tout, Romero y parvient, mais avec beaucoup de peine. En effet, pointant du doigt les valeurs chrétienne et l'absurdité d'une Amérique basée elle-même sur une guerre absurde (la guerre de sécession, parallèle travaillé tout le long par Romero que ce soit dans les dialogues, les personnages, les situations ou même la géographie de l'île sur laquelle les personnages se trouve), il tient néanmoins un propos appuyé de manière lourdingue, jusqu'à un final
l'explicitant même dans le monologue du héros principal
. Comme si lui-même avait conscience de la faiblesse de son discours. C'est donc probablement le Romero le moins bon. Néanmoins, ce n'est absolument pas une raison pour faire un constat alarmiste : ce n'est qu'un cas isolé, et on retrouve néanmoins des traces intéressantes de la personnalité de Romero dans ce film. Il ne reste plus qu'à espérer que son prochain film de la saga (s'il y en a un) sera à la hauteur des préoccupations de l'Amérique de la décennie.