« Je vais vous donner ce que vous attendez », répète toujours Bad Blake, chanteur de country has-been, à ses spectateurs lors des concerts qu’il donne dans des bars et des bowlings. En sortant du film Crazy Heart, on peut dire que le réalisateur – Scott Cooper, premier film, inconnu au bataillon – s’en est tenu lui aussi à cette promesse. En effet, on ne peut dire que le scénario du film brille par son originalité. Nous collons aux basques (aux bottes, aussi) notre anti-héros, Bad Blake, incarné par Jeff Bridges, jusque dans son lit où il aime se vautrer en enchaînant les cigarettes mais surtout les bouteilles de whisky, et parfois les groupies. Habitué à ce train de vie pas très glorieux, une rencontre avec une jeune journaliste – divorcée, elle vie avec son bambin – lui fera prendre conscience de sa vieillesse et de ce qu’il a gâché dans sa vie passée. L’artiste se remet en question, fait face à son alcoolisme, tente d’écrire de nouvelles chansons et s’essaye au rôle de père, le tout avec plus ou moins de difficultés. Ce parcours initiatique très (trop) classique pourrait donner lieu à une œuvre larmoyante et plate. C’est parfois le cas, mais heureusement une mise en scène sobre, parfois cruelle, des émotions tire le film vers le haut. Un rythme tranquille s’installe, et on baigne dans une ambiance réaliste tantôt âpre ou douce. Scott Cooper s’applique à retranscrire les atmosphères du sud des Etats-Unis, tout en patelins et en autoroutes désertes. De même, ses personnages sont dotés d’une forte humanité, et ce particulièrement grâce à un casting de haut vol. Jeff Bridges y est évidemment génial, se donnant à fond dans ce personnage cabossé et sauvage. Dans les seconds rôles, Robert Duvall, Maggie Gyllenhaal et Colin Farrell (décidemment de plus en plus présent dans les petites productions), sont tout aussi convaincants. L’image n’est pas désagréable à regarder, notamment grâce à une belle photographie et une mise en scène pas piquée des hannetons (...)