Une belle réalisation pour ce film de Bonnell, dans un style presque policier et surtout très oppressant. Cela commence d’abord comme une chronique de province, dans une petite ville des pays de Loire. Un frère et une sœur vivent ensemble, orphelins. Lui a un petit boulot chez un fleuriste, et en plus trafique un peu les métaux de recyclage. Elle ne fait rien, et passe son temps à boire des coups au café du village, et à séduire les hommes. C’est un personnage difficile, caractériel, souvent à la limite du break down. Ce sont des gens simples, impulsifs, vivant tout à l’émotion, sans beaucoup de raisonnement cartésien. Suite à une petite magouille qui a mal tourné, il va commettre un meurtre sans le vouloir, sans intention, par accident. Le film bascule alors dans un climat étouffant, pesant, la sœur devient de plus en plus hystérique et nymphomane. Lui n’arrive pas à assumer son geste, il panique. Le dernier quart d’heure est à la limite du soutenable, tout dérive, encore plus de violence, on souffre avec les deux héros qui vont s’enfoncer et commettre l’irréparable. Mais l’amour du frère et de la sœur, est si fort qu’ils vont s’en sortir ensemble (je ne vois pas du tout d’inceste là dedans , mais une relation fusionnelle causée par leur statut d’orphelins). Bonnell est très fort car il arrive à créer un climat d’angoisse, sur un scénario au départ plutôt mince. A noter l’incroyable performance de Florence Loiret , qui va chercher au plus profond pour composer son personnage déjantée et hystérique, mais fragile aussi. Belle participation aussi de Darroussin , tout à fait surprenant dans son personnage de petit malfrat inquiétant et vénéneux.