Nosferatu, version Herzog, c’est un film qui, pour les amateurs du réalisateur, ne déconcertera pas ! Sans doute son film avec Kinski le plus accessible, mais un métrage très inégal.
Très inégal, car déjà, l’interprétation l’est ! Kinski était tout trouvé pour jouer Dracula, et même si son look est discutable (les dents, hum !), le faciès de l’acteur et son jeu borderline fonctionne très bien, et sa première apparition reste un moment fort. Face à lui Bruno Ganz est plutôt bon, moins dans la seconde partie cependant. Mais il y a aussi les gros ratages ! Je passe sur le bras droit de Dracula, personnage ridicule qu’on se supporte heureusement peu, pour m’attarder sur une Isabelle Adjani transparente ! Décidément, ses incursions dans le genre fantastique peinent à convaincre, et ici, hormis des airs éthérés parfois appréciables, elle est monolithique ! Pas de vie, même avant de se faire séduire par Dracula, elle se traine mollement ! Quand à Van Helsing il ne joue qu’un rôle très secondaire ici !
Cette interprétation inégale se retrouve dans l’histoire. J’ai apprécié la fidélité à l’histoire originale, avec quelques belles touches comme les hésitations sur la peste, des petits détails qui viennent donner un certain réalisme à l’intrigue, l’ancrant davantage dans le quotidien d’une ville. Après, c’est tout de même assez longuet, la dernière partie est loin de valoir la première, sûrement aussi car on se coltine la fadasse Adjani ! En fait c’est le souci habituel du cinéma d’Herzog, il faut toujours qu’il fasse peu concis, même quand il n’a pas la matière pour faire des films longs, et là il y a bien un quart d’heure de trop, tant Herzog se complait dans des passages trop contemplatifs, nous faisant vraiment perdre le rythme de l’histoire. Nosferatu avance parfois sur un faux rythme assoupissant dans la seconde partie.
Alors c’est vrai, les plans sont travaillés, l’ambiance est froide à souhait, les séquences en Valachie sont très belles. C’est le point fort de ce film qui, s’il souffre des longueurs d’Herzog, bénéficie aussi, en retour, de la finesse de son travail d’ambiance, et de la qualité de ses cadrages qui magnifient certaines scènes (le bateau). A noter une bande son signée Popol Vuh ! Référence un peu bizarre, et je dois dire que ça m’a convaincu qu’à moitié ! Très planante, c’est idéal à petite dose, mais si ça traine trop sur des images déjà assez molles, alors c’est le sommeil presque assuré !
Nosferatu est un film poétique, glauque, qui étrangement m’a rappelé quelques films de Jean Rollin comme La Rose de fer ! Reste que je suis resté sur ma faim, découvrant un film trop plat, trop contemplatif, pas assez bien interprété pour prétendre à figurer dans le top du genre. 3.