10 ans après revoila Ghostface ! Une joie immense de retrouver ce serial killer franchement génial et culte qui a marqué toute une génération d’ados. Alors certes en regardant Scream 4, on se dit que du temps à passer et que ce type de films n’est plus à la mode, maintenant on privilégie le gore et les effets spéciaux comme le succès de tous les Saw le prouve. Mais on se dit aussi que la franchise Scream a marqué l’histoire du cinéma d’angoisse et que ce genre de films manque cruellement au cinéma actuel. C’est d’ailleurs un des messages que fait passer Wes Craven, qui se moque ouvertement des films récents, très loin du sens originel « d’angoisse ». Aujourd’hui, ce sont les films trash et ultra gores qui sont à l’affiche, les porn movies façon Hostel que le public veut voir. Et bien avec Scream 4, le réalisateur nous rappelle que les vrais purs films d’horreur inoubliables et indémodables sont bien les anciens (Halloween, Vendredi 13, Scream…) et que la tendance actuelle ne les concurrencera jamais. La mode est éphémère, contrairement aux chefs d’œuvre qui eux perdurent…
Le pari de ce retour était pourtant loin d’être gagné, car si le premier opus était vraiment excellent en tout point, les deux suites avaient été beaucoup plus décevantes (surtout le deuxième vraiment raté). La première chose rassurante avec ce Scream 4, c’est que tous les protagonistes du premier opus sont réunis : de Wes Craven, maitre incontesté de l’horreur (et papa de Freddy) à Kevin Williamson (scénariste prolifique du début de siècle) en passant par les trois têtes d’affiche du casting (Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette).
Ensuite, dès les premières minutes, on sait que l’esprit de Scream est resté le même, avec cette scène d’intro franchement jouissive, mêlant humour et fausses pistes avec une grande maestria. La suite du film ne contredira pas ce sentiment, même si sa première partie est parfois un peu longue. On ne peut s’empêcher de sourire en voyant toutes ses références ciné, en retrouvant des héros fan du 7ème art élaborer leurs propres analyses sur les slasher et la provenance des meurtres. Ce ton si particulier, à la fois décalé et réservé aux amateurs du genre faisait déjà partie du film il y a dix ans, il en est encore aujourd’hui la marque de fabrique. Coté angoisse et morts, là aussi le spectateur est servi avec une deuxième moitié de film très efficace et réussie où les victimes s’enchainent à un rythme infernal. Comme à la grande époque, on se prend à chercher le coupable…qui meurt devant nos yeux (donc c’était pas le bon !). Comme à la grande époque aussi, on prend plaisir à se faire peur, à cause d’une ombre, d’un bruit amplifié, la mise en scène signée Craven étant toujours aussi convaincante.
Mais l’autre grande force du film et du duo Craven / Williamson, c’est d’avoir su évoluer avec son temps et de se servir de la technologie actuelle pour mieux servir le tueur. Ici, tout y passe, d’internet aux réseaux sociaux, des meurtres façon snuff movie à la quête de notoriété facile et à n’importe quel prix. Scream n’est pas seulement un film d’horreur pour ados, c’est aussi le reflet d’une société américaine virtuelle, une satire dissimulée d’une jeunesse désabusée et engluée sous le poids des médias, en recherche de reconnaissance et de sensations fortes.
Et puis, Wes Caven continue de ne pas se prendre au sérieux, il choisit de maintenir une tonalité humoristique, presque parodique dans son film. Ce choix peut s’avérer discutable car il enlève un peu d’angoisse et de froideur au slasher en lui-même, mais offre des scènes franchement amusantes et décalées.
Enfin, le casting est plutôt bon, les trois stars sont toujours aussi à l’aise avec leurs rôles de prédilections (chassez le naturel, il revient au galop), elles sont en plus bien épaulés par une nouvelle génération intéressante et crédible.
L’épilogue est également très soignée, même si les puristes se douteront de l’identité de ou des tueurs…le tout reste très cohérent et bien dans l’esprit de la franchise.
En résumé un revival énorme et jouissif, on prend un pied total à retrouver Ghostface qui nous avait tant manqué. Scream 4 est aussi l’occasion de se rappeler qu’on a pris un coup de vieux, puisque ce genre de film n’est plus de tout d’actualité et semble décalé avec les codes du cinéma actuel qui ont bien évolué depuis le premier épisode. Enfin, c’est tellement bon d’être nostalgique…
Auteur du livre "Guide de Survie du Cinéphile Amateur" (sortie janvier 2019)