Scream, la série qui me scotchait à mon siège quand j'avais sept ans, effrayé par ce masque ridicule et ce costume trois fois trop grand. Aujourd'hui, ce phénomène de société est devenu un incontournable du paysage cinématographique. Désormais légende auprès de toute une génération, peut-on refaire surface avec un nouvel opus sans casser cette légende, ce mythe ? Oui, si on procède avec une certaine fraîcheur, en surfant sur la modernité.
Wes Craven s'emploie donc à apporter de la nouveauté et de l'originalité, en se basant principalement sur sa propre expérience des films d'horreurs. Il joue tout simplement avec le spectateur, en se reposant sur le principe de mise en abyme en début de film, d'indices mensongers, ou encore en s'appuyant sur les nouvelles technologies. Et oui, plus de quinze ans déjà depuis le premier volet, les jeunes d'aujourd'hui sont bien différents, ils filment tout ce qu'ils font et aspirent tous au succès, quel que soit le prix à payer.
Volontairement plus détendu que la trilogie, on pourrait penser à un hommage, ou à un bond en arrière, tel un nostalgique qui repense à ses heures de gloires avec fierté. Le réalisateur n'est finalement pas bien différent de Sidney Prescott, il a cette même aura, ce même pouvoir de traverser les âges en gardant toujours une influence sur autrui et une classe inégalée. Scream 4 se révèle donc aussi agréable que le tout premier, comme quoi on peut avoir un 4 derrière le titre d'un film sans qu'il soit pour autant une pâle copie sans saveurs.
L'intrigue est rondement menée, et je dois dire que le dénouement s'avère plutôt surprenant, et en plus de cela il n'arrive pas comme un cheveux sur la soupe, il est véritablement construit. Le scénario est travaillé avec intelligence, entretenant une relation étroite avec le spectateur, il permet de réfléchir, de se poser des questions. Craven comprend et analyse son public, pour le satisfaire et le surprendre toujours un peu plus. En plus de cela, le jeu des téléphones et des caméras donne une dimension supplémentaire au film, tous nos sens sont en éveil et on prête constamment attention à ce que nous avons sous les yeux, de peur de rater quelque chose.
Au niveau des personnages et des lieux, tout est réunis pour passer un bon moment. Des adolescents niais et insouciants, des adultes qui se laissent manipuler, et des maisons aux couloirs interminables. Beaucoup d'humour qui se dégage, que ce soit dans les dialogues ou dans certaines situations. Un humour filmique et un humour profilmique, auxquels nous ne sommes pas insensibles. Le jeu des ombres et des reflets est toujours aussi bien maîtrisé, tandis que les musiques apportent toujours cette touche nécessaire, en étant parfois peut-être trop présente. Par contre, en faisant ce choix de rajeunir son oeuvre, Craven en enlève aussi une certaine tension. Peu voir pas de soubresauts, et aucun passage réellement haletant. Dans les scènes d'actions à proprement parlé il n'y a pas d'innovations, et les surprises ne sont pas au rendez-vous, c'est dommage car le rythme s'essouffle parfois dans les moments où il devrait au contraire s'accentuer. La fin fait cependant oublier ces quelques faiblesses, tant elle est bien trouvée et prenante.
Scream 4 prend donc une direction différente de ses aînés, en renforçant encore plus le côté burlesque, et en se préoccupant d'entretenir une relation des plus complices avec le public (qu'on est vu les trois premiers volets ou non). Grâce à cette intention, le film se veut léger et agréable, mais il perd aussi une certaine part de ce qui le définissait, une tension propre qui n'est pas pleinement retrouvée. On adhère ou pas, mais la réussite de ce nouveau Scream, après onze ans d'absence, est évidente. La passion de Craven est plus que louable et ce volet semble conclure de la meilleure des manières qui soit cette série... Avant un cinquième épisode, bien entendu.