En trois ans à peine, Scream est passé de référence instantanée à formule éculée. Il serait malhonnête d'ôter au volume 2 sa bonne première heure ou sa cohérence dans la carrière de Wes Craven (très fournie au rayon satire méta). Seulement, arrivé au troisième volet, le concept tourne à vide jusqu'à flirter avec le délire tragi-comique. Ajoutez la prolifération de décalques plus ou moins embarrassants ou carrément de parodies (Scary Movie),...Le phénomène a été largement exploité jusqu'à plus soif. Dix ans après sa mise en sommeil, la licence fait son grand retour. Dans une relative indifférence. Logique mais est-ce mérité ? Non. Étonnamment, Craven livre la meilleure suite à l'original ici. Scream 4 donne le ton avec une séquence introductive en forme de poupées russes, véritable doigt d'honneur aux franchises horrifiques enquillées sans inspiration doublé d'une scène en miroir au premier opus où le réalisateur envoyait une pique aux suites des Griffes de la nuit.
On zappe sans le dire les précédents pour se glisser dans les pas du premier. Kevin Williamson réactualise certains codes, s'amuse à en tordre d'autres sans jamais jouer les vieux bougons. Bien au contraire, le scénariste intègre certains bouleversements sociaux opérés sur les dix dernières années pour redessiner certains contours de sa franchise. Culte de l'instantanéité, normalisation d'internet sous de nombreuses formes (vidéos, blogs, smartphone,...) et course à la célébrité ; autant de nouvelles choses que vont devoir appréhender Sidney, Gale et Dewey pour faire face à ce tueur nouvelle génération. Scream 4 prend donc plaisir à feindre la répétition pour mieux prendre à revers le spectateur trop sûr de lui. Sauf qu'il assume un registre ouvertement satirique jusqu'au renversement final, véritable coup de force pour le moins glaçant. Dommage qu'un épilogue aussi consensuel amoindrisse ce choix osé. Un peu la synthèse d'un film pas très adroit pour faire frémir.
Sinon, il faut bien avouer que l'angoisse est timide. Les gimmicks sont connus, les mises à mort peu inventives et la prépondérance de l'humour joue contre le film. Quand on se marre pendant les moments où le tueur montre le bout de son masque, il y a un problème quelque part. La réinvention n'était pas loin, si seulement Wes Craven avait imaginé de nouvelles manières pour scénographier la terreur. Ce numéro 4 se montre chiche à ce niveau, entre la photographie surexposée qui nuit aux scènes nocturnes ou la bande originale très moyenne. Les idées étaient là, et la distribution se régale. On pense bien sûr aux vétérans Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette, excellents. Les nouvelles têtes ne sont pas en reste, la petite bande composée avec Emma Roberts, Hayden Pannetière, Rory Culkin et Erik Knudsen ne manque pas de goût. Encore une fois, les arguments en faveur de ce retour sont nombreux, plus que pour les deux précédents. Manque un meilleur équilibrage entre horreur et pastiche, ce qui aurait fourni la clé pour s'élever à la hauteur du tout premier Scream.