D’ordinaire, Allen Hughes travail aux cotés de son frères, Albert. Ici, Allen, tout seul, s’emploie à mettre en scène un polar d’un classicisme confondant, assorti qu’il est d’une pléiade d’acteurs reconnus. Broken City ou l’histoire d’une magouille politique à la veille de l’élection d’un nouveau maire à la ville de New-York. Comme pitch, l’on aura tous connu plus intriguant. Ex-flic, voilà notre Mark Wahlberg devenu détective privé, travaillant pour le coup pour le maire en place de la ville. Alors qu’il enquête sur l’infidélité probable de la première dame, voilà que les révélations s’enchaînent et que notre bon détective se trouve plongé en plein scandale politique et meurtrier. Mouais, comme déjà dit, voilà un scénario peu enjouant du fait qu’il n’est ni plus ni moins qu’une thématique usée jusqu’à la corde.
Pourtant, Allen Hughes parvient à captiver cinquante minutes durant. Sur ce fait, la première partie du film est habile, très conventionnelle et peu surprenante, mais habile. A livre ouvert, le cinéaste nous plonge dans le sillage de personnages aux potentiels conséquents. Vient ensuite le premier véritable retournement narratif, et là, gros coup de massue, le film plonge de tout son poids dans les abîmes, dans les méandres vaseux du cinéma cloisonné, un cinéma que l’on connaît par cœur et surtout pour ses imperfections. Alors qu’il démontrait talent de metteur en scène et habilité narrative, dans un premier temps, le cinéaste s’encouble et noie son bébé sous une tonne de retournements, de virages à 180° qui achève la foi du public en son travail.
Non pas que le film devienne incompréhensible, loin de là, mais Broken City n’est plus qu’un vulgaire polar mal fagoté dès la deuxième vitesse enclenchée. Dommage, oui, au vu d’un casting plus ou moins prestigieux qui méritait mieux. Si Mark Wahlberg et Russell Crowe sont actuellement sur une pente descendante, le premier caricatural et l’autre peinant sincèrement à jouer l’homme mauvais, l’on était en droit d’espérer meilleur pour Kyle Chandler, Jeffrey Wright ou encore Catherine Zeta-Jones. Là encore, le premier ne fait que passer, le second est fantomatique, détestable tant qu’immatériel et la dernière ne fait qu’à peine acte de présence. Potentiellement, Allen Hughes n’aura jamais su dompter son casting soit pour investir les acteurs soit pour leur donner un vrai esprit de création. Tout le monde se promène, pond sa réplique et puis s’en va.
Si tout n’est cependant pas à jeter, voilà cinq ans, un film avec un casting comme celui-ci aurait sans doute été bien meilleur. Lassant, sans ambition, Broken City est de ces films languissant que l’on contemple un peu endormit un vendredi soir de mauvais temps. Ni désagréable ni étincelant, un film de plus au rayon des inutilités qui coûtent cher. Voilà bien une leçon que l’on puisse tirer d’une telle démonstration de platitude, le cinéma doit maintenant dépasser les frontières du simple divertissement pour contrecarré la puissance narrative croissante des séries télévisées. C’est ici un échec dans ce sens, un cuisant échec tant l’insignifiance d’un tel film prédomine. 07/20