Après une très grosse double déception lors du visionnage de deux films récents de Jésus Franco, je me suis lancé, sans grande conviction, dans celui de ce Quartier de femmes. Pourtant, c’est une belle surprise, qui vaut mieux que son titre racoleur.
Coté casting on a le droit à des acteurs assez inégaux dans leurs prestations et leurs personnages. Pour ma part très clairement c’est Dennis Price qui se détache le plus du lot, en montrant de réelles qualités d’interprètes et en s’avérant toujours d’une belle constance dans ses apparitions. Le couple héros du film est plutôt bien interprété, même s’il y a des hauts et des bas dans la prestation des acteurs, Geneviève Robert emportant le morceau sur un Andrés Resino un peu plus timoré. Pour le reste le casting est relativement prétexte, avec des actrices surtout au jeu aléatoire, et une petite prestation d’Howard Vernon.
Le scénario est un bon point du film. Laissant supposer un métrage plein de sévices et de lesbiennes sadiques dans une prison pour femme, la réalité est toute différente. Alors il y a bien la fessée et autre petite torture de ci de là, mais enfin le film ne s’attarde pas vraiment sur cela, où alors essaye de le faire avec un certain réalisme (bagarre…). En fait il construit une histoire plus travaillée, montrant un couple accusé injustement d’un meurtre, et cherchant à se barrer du bagne. C’est fait avec sérieux, le rythme est très solide, aidé en plus par une durée courte (1 heure 20), les événements s’enchainent plutôt bien, et la fin est une grande réussite. Franco ne loupe pas sa sortie, et c’est une bonne chose.
La mise en scène n’est pas exempte de défauts, avec un franc coté artisanal (caméra qui peine à se stabiliser dans les plans fixes…), mais au bout du compte ce n’est pas mauvais du tout. Il y a de bonnes idées, des plans visiblement travaillés et réfléchis (sur la fin notamment), et une certaine nervosité dans la réalisation qui surprend chez le réalisateur. La photographie n’a rien d’exceptionnel elle non plus, mais elle est assez propre pour un film fauché des années 70, et certains plans sont même assez jolis. Les décors en revanche sont franchement à la peine, et manque nettement de crédibilité. Le budget en est surement la cause, et cela se retrouve encore dans les costumes, assez misérables. Alors ce film est soft, vous ne verrez en matière érotique, qu’un petit sein qui se dévoile et en matière de torture absolument rien de violent. C’est presque du tout public. Enfin la bande son est un autre aspect très positif du film. Il n’y a qu’un thème certes, et il fait un peu rire lors de sa première entrée en matière tant on se dit qu’il a un coté dramatique trop appuyé, mais au final son retour régulier fait plaisir, et Franco ayant pensé son film comme une sorte de tragédie grecque à grand renfort de passages tragiques, ce thème, soigné, s’intègre fort bien.
En clair Quartier de femmes est un drame tout à fait plaisant à suivre. Dans son registre il se démarque du style habituel, privilégiant torture et violence bis, au profit d’une réflexion plus psychologique, et d’une réelle dramatisation. Certes le casting est inégal et on ne peut pas dire que le film soit très beau à regarder, avec un petit budget qui se fait clairement sentir, mais il y a du potentiel, c’est certain. Je lui accorde un 3.5 mérité, et je me réconcilie, temporairement du moins, avec la filmographie de Franco.