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Un visiteur
4,0
Publiée le 19 novembre 2014
Au moment ou le général italien Badogglio annonce l'armistice avec les américains les allemands attaquent les militaires italiens déboussolés. Après la chute de son régiment le lieutenant alberto sordi, qui fait une excellente prestation tout en nuance, essaye de ramener ses hommes vers le reste de l'armée mais ceux ci finissent par l'abandonner. Il décide alors de rentrer chez lui accompagné d'un petit groupe mais le voyage s'annonce périlleux. De la très bonne comédie italienne ou le comique est suivi de près par le drame.
Luigi Comencini disparu en 2007 fait certes partie des réalisateurs italiens reconnus mais la très grande plasticité de son art parfois qualifiée d'opportunisme ou d'absence de point de vue, le rend difficile à situer par rapport à certains de ses contemporains comme Dino Risi, Mario Monicelli ou Elio Petri immédiatement assimilés à la comédie italienne. Goûtant à tous les genres au gré des commandes ou projets qui lui tiennent à cœur, Comencini alterna les films de très haute tenue avec d'autres impersonnels et sans saveur qui brouillèrent son image auprès du public intellectuel auquel s'adressaient ses œuvres les plus marquantes. "L'incompris" qui a très fortement marqué les esprits, ajouté à des films comme "Les aventures de Pinocchio" (1975), "Eugenio" (1980) ou encore "Un enfant de Calabre" (1987) lui valut le qualificatif un peu réducteur de cinéaste de l'enfance attribué par la critique faute de pouvoir discerner une ligne directrice marquante au sein de son œuvre. La redécouverte de "La grande pagaille" (1960) qui est peut-être son chef d'œuvre méconnu apporte la preuve de la facilité avec laquelle Comencini pouvait naviguer entre les styles au sein d'un même film. "La grande pagaille" écrit en collaboration avec le célèbre duo de scénaristes Incrocci et Scarpelli offre un majestueux mélange entre néo-réalisme et comédie qui tout en marchant dans les pas de "La grande guerre" de Mario Monicelli sorti un an plus tôt lui est peut-être supérieur. Rien de mieux sans doute pour dénoncer l'absurdité de la guerre que le pitoyable armistice de Cassibile signé le 8 mai 1943 par le maréchal Pietro Badoglio suivi de l'incroyable imbroglio dans lequel il plongea rapidement les armées belligérantes stationnées sur le sol italien. Signé dans la précipitation et en catimini, cet armistice un peu honteux ne fut suivi d'aucune consigne claire. Livrées à elles-mêmes une minorité des troupes hésita entre se ranger du côté des alliés ou rester fidèle aux forces allemandes mais dans la majorité elle se désintégra puis s'évanouit dans la nature, chacun cherchant à rentrer chez lui. "Tous à la maison" ("Tutti a casa") comme l'indique le titre italien du film est donc plus explicite sur les conséquences réelles du paraphe apposé par Badoglio. Comme il l'affectionne, Comencini va suivre le sort de quatre appelés du contingent perdus face à des évènements qui les dépassent. Alberto Sordi avec qui Comencini aura une collaboration fructueuse (cinq films en commun) incarne le lieutenant Alberto Innocenzi, pauvre bougre coincé entre son sens du devoir qui lui intime de préserver les quelques hommes qu'il lui reste de son détachement parti en débandade lors de la traversée d'un tunnel ferroviaire et son instinct qui le pousse à fuir comme tout le monde une guerre qu'il n'a pas voulu. Cette "Grande Vadrouille" avant l'heure, si elle distille ses moments cocasses franchement risibles reste avant tout tragique et Comencini n'oublie pas de nous le rappeler dans un finale qui nous ramène à la triste réalité de la guerre et de ses pauvres hommes qui meurent sous les balles. Alberto Sordi grandiose ainsi que Serge Reggiani et Martin Balsam apportent leur humanité à ces appelés victimes d'un commandement inconséquent et pour qui, ironie tragique du sort, la fin de la guerre sera la pire nouvelle qui soit. Il est important de noter la somptueuse reconstitution historique orchestrée par Comencini qui signe avec ce film méconnu une œuvre qui dit tout de la tragédie humaine.
La grande pagaille n'atteins pas le niveau de la grande guerre,cependant certains scènes sont d'une grande efficacités.Et le discours sonne juste,sordi est moins dans le coté comique que d'habitude.
Un des nombreux chef-d'oeuvres du cinéma italien. Le meilleur film de Comencini. Pas vraiment un film de guerre, pas vraiment une comédie, ni encore moins une tragédie... Il y a du Voltaire dans cette oeuvre, comme un Candide plongé au coeur de la déroute italienne de la Seconde Guerre mondiale. Plus le candide Alberto Sordi s'aventure dans ce chaos indescriptible, plus les morts s'amoncellent et la situation lui échappe. Rien n'a de prise autour de lui. Ni l'amour, ni la vie, ni encore moins l'amitié. Tout passe avec une légèreté d'esprit à montrer dans toutes les écoles de cinéma. Un film monumental.
Tous à la maison : tel est le titre original du film. En effet, l'histoire racontée ici est la déroute de l'armée italienne à l'arrivée des américains, bien des soldats quittèrent leur caserne pour rentrer chez eux, mais sans compter les fascistes et les allemands. Un officier italien s'en retourne chez lui, avec un compagnon, ce film raconte divers événements vécus par ces hommes lors de leur retour. Très bon film de Comencini, très bien réalisé, au début comme à la fin, avec les scènes de combat contre les allemands à Naples. C'est une tragi-comédie, car il y a beaucoup d'humour et de drôlerie dans la marche forcée de ces hommes qui rencontreront sur leur chemin beaucoup de faits réels et tragiques. Comencini a l'art de raconter et aucun ennui ne s'installe à la vision du film. Les acteurs sont excellents (Sordi en tête). Belle réussite ce Comencini.
La grande pagaille, ce sont les conséquences de l’armistice de Cassibile, en 1943. Un épisode étrange (si l’on peut ainsi épithéter une guerre), honteux en Italie & méconnu en-dehors, durant lequel le pays a quitté les Forces de l’Axe & connu deux occupants : les États-Unis & l’Allemagne. Déchiré politiquement, la patrie n’a plus connu de guerre que des combats volontaires confinant à la guerre civile, & que le réalisateur ramène à l’invividu : les fascistes étaient-ils bornés ou persévérants ? Les autres étaient-ils lâches ou raisonnables ?
Comencini s’intéresse à ce qui fait des humains de tous ces soldats en proie au dilemme, dépeignant des militaires désemparés qui traversent leur propre pays sans plus avoir l’impression d’être à leur place nulle part, ni d’avoir encore le moindre ami. Belle pagaille en effet, mais belle vadrouille aussi. Le tournage en constant mouvement étire le temps pour y étaler le drame d’une guerre qui a perdu la tête, traitée sans la dérision de notre grande vadrouille : l’humour doit y être rare, presque arrogant (Sordi a évincé tout autre comique du casting) & imposer la légèreté avec force, car rire en temps de guerre ne doit pas être autre chose qu’un répit.
Alors oui, l’humain émerge : un humain dur derrière des dialogues bavards & l’extravagance à l’italienne, presque contraint à une nature empathique où les frontières fondent d’elles-mêmes sans que la politique n’y soit pour rien : le bilinguisme devient roi, aussi bien avec les quelques mots de charabia anglo-italien qui unissent deux soldats découvrant que, dans la pagaille, ils ne sont pas ennemis, qu’avec le latin du prêtre disant la messe pendant qu’il cache ses compatriotes – lui, il voit l’humain tout court, & pas de camps.
À circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles : le monologue avec le regard braqué sur la caméra est même autorisé comme si l’œuvre invitait par la transgression de l’art celle qui permet l’indulgence dans les temps difficiles. Pour le spectateur qui n’avait rien demandé & spectatait juste avec respect & curiosité, c’est un vrai frisson. Beaucoup plus mémorable sous son titre français, Tutti a casa est la plus belle pagaille qu’on pouvait imaginer au cinéma, & à juste titre considéré comme une des plus grandes réussites de Comencini – en même temps qu’un immense film de guerre historique.
Réalisé un an après " la grande guerre" un des meilleurs films de Monicelli, Comencini aborde lui aussi le thème de la guerre mais cette fois c'est de la seconde dont il s'agit.
L'action se situe en septembre 1943 alors que le maréchal Badoglio a signé l'armistice avec les alliés qui ont débarqué en Sicile et remontent par le sud du pays.
Ce changement d'alliance crée la confusion dans les rangs de l'armée italienne qui voie maintenant les Allemands comme des ennemis après avoir été des alliés.
C'est sur cet arrière fond historique que se déroule l' odyssée du lieutenant Innocenzi ( tout un symbole) qui veut retourner chez lui.
Réflexion sur la guerre, son horreur et plus largement sur les contingences historiques qui brinqueballent les individus dont certains se croient ibres, c'est une grande réussite.
Magnifiquement filmé, écrit, réalisé et interprété ( Alberto Sordi est absolument formidable et porte le film sur ses épaules), c'est même un des meilleurs opus de son réalisateur.
Moins sévère à l'égard de ses congénères que peut l'être Monicelli, Comencini ne l'épargne pas non plus, mais croit en lui lorsque sa dignité est totalement bafouée, lorsque les limites de l'acceptable sont atteintes : il est alors capable de preuve de courage la plus extrême.
On sait que Comencini ( il passa une partie de son adolescence en France) occupe une des places sommitales dans la hiérarchie des cinéastes italiens de son âge d'or ( années 50 et 60) et ce n'est pas ce film qui la remettra en cause.
A la différence des autres géants du cinéma italien de cette période, Comencini ne peut-être catalogué dans un genre de film, puisqu'il abordera avec maestria le registre comique, le drame et la tragédie. Son Casanova est même considéré par Jean Tulard comme supérieur à celui de Fellini.
Son talent est immense et si la seconde partie de sa filmographie ne vaut pas la première ( comme celle de Monicelli d'ailleurs), il faut l' explorer en détail pour découvrir les nombreuses pépites qu'elle comporte : " la grande pagaille " est l'une de celles du maître italien.