Ambiance de Western dans les rues désertes et sablées de la ville fantôme. Tout le film est là ; dans l'imprécision du lieu, la mythologie du rêve (américain, français?) qui se côtoie à la triste réalité, celle d'une ville quasiment désaffectée, ou plus rien n'émerge, à la lisière de l'ennui et de la souffrance quotidienne. A l'angle des maisons on croit aperçevoir Gary Cooper, comme Jean-Pierre Bacri pénétrant dans l'ombre d'un fils, étoile du shérif sur la poitrine et chapeau de cow-boy. Les chevaux semblent attendre leur entrée hors-champ ; mais il n'y en aura pas, ou presque. Les bécanes qui toussotent et les voitures ensablées remplaçeront. C'est donc un western social, actuel, perdu quelquepart on ne sait où, dans un village où les plaines rocailleuses au loin arpentent le soleil. On voit les trains passer, bruyants, dans une symphonie de métal qui dérègle le seul plaisir qu'il reste aux habitants : la sereineté. On voit les trains, la vie passer, les emmerdes, le plat ; qu'ont-ils d'autre à faire sinon d'attendre? Le rythme lancinant saisit ces moments précieux que sont les heures qui passent. On ne s'ennuie pas pour autant, les allusions au cinéma américain et aux figures du western ne manquant pas d'éveiller en nous le plaisir d'un cinéma perdu. Rêve de mer, rêve d'ailleurs : << Je veux retourner au bled >>, << Mais tu ne sais pas de quoi tu parles, tu n'y as jamais mis les pieds >>, répond Bacri à son fils. Les attentes non récompensées ont fortifié les vétérans et leur pessimisme alarmant ; il n'y aura pas d'ailleurs. Notre pays, c'est ici, tant pis la ville, tant pis l'ennui, ça sera ça. Ca, c'est la vie qui passe, la lassitude qui s'installe, jusqu'à ce fatal moment où, sans qu'on s'en aperçoive, il n'y a plus rien à vivre. Petits moments imprécis, parfois longs, parfois moyennement nécessaires (le jeune qui attend son père), "Adieu Gary" reste tout de même dans les esprits pour ce qu'il est : une proposition originale d'un sujet actuel, celui d'une mis