J’avais entendu parler de ce film il y a quelques années mais je n’avais jamais eu l’occasion de le visionner. Je me suis donc finalement lancé, pour voir ce qu’il valait, et au final mon avis est mitigé, même si je ne suis pas en accord avec les critiques si mauvaises.
Coté casting d’abord on trouve de solides acteurs qui s’en tirent bien dans leurs prestations. Anna Friel m’a agréablement surpris dans une interprétation sobre et plutôt juste d’un personnage complexe qui aurait pu donner lieu à pas mal de caricature et de surjeu. Elle est entourée par des acteurs internationaux plus ou moins connu. Pour ma part j’ai trouvé les interprètes dans l’ensemble honorables, avec la surprise de voir Franco Nero, mais se marchant un peu sur les pieds. Le film présente quand même beaucoup de protagonistes, et même s’il essaye de leur donner une importance à tous, il échoue, et au-delà de Bathory, cède trop souvent à la simplification. Mais bon, c’est correct tout de même.
Le scénario a plusieurs défauts. D’abord il ne sait pas sur quel pied danser. Conte fantastique aux limites de l’horreur (plusieurs scènes s’y apparente), film réaliste (les décors naturalistes et le contexte historique en témoigne), ou plus simplement drame humain inscrit dans la grande histoire, le film de Jakubisko est trop hésitant. Il mélange tout cela dans un métrage fleuve qui malheureusement ce retrouve être trop éclectique et par là même sans réelle personnalité. Tantôt on frôle le docu-fiction, avec des scènes presque plates, tantôt on frôle le conte (miroir, mon beau miroir… !), et ca finit par ne plus vouloir dire grand-chose. Par ailleurs le film est tout de même mou, et manque de consistance. Il dure 2 heures 20, et cette durée ne se justifie clairement pas. Beaucoup de dialogues inutiles, de sous-intrigues, de personnages secondaires finissent par alourdir l’ensemble au détriment de la trame principale, et il sonne décousu. Heureusement pour lui il s’appuie sur un personnage central traité avec justesse, essaye de rendre compte avec objectivité de l’histoire en question, ce qui lui évite le manichéisme, et est doté de ci de là de scènes réellement intéressantes.
La mise en scène de Jakubisko est inégale. Visiblement à l’aise pour filmer les paysages, pour mettre en valeur l’esthétique réussie du film, il est relativement laborieux lorsqu’il s’agit de faire monter la tension. Les plans s’enchainent bizarrement, avec des effets de style appuyés plutôt lourdauds (le miroir qui devient vert, les déformations de l’image…) et souvent théâtralisés. Ce n’est pas mauvais en soi, et indéniablement Jakubisko a un style qui lui appartient, mais il n’est pas complètement à l’aise ici. Ca se voit aussi dans les scènes de bataille, franchement laborieuses, où là encore Jakubisko donne de belles images, mais ne rend pas compte de la violence des affrontements. En revanche les décors et la photographie sont sublimes, portés aussi par des costumes et des détails d’un grand raffinement. C’est là le meilleur aspect du métrage, qui visuellement est d’un excellent niveau, avec une plongée dans le XVIIème siècle d’Europe centrale rare et très plaisante. La bande son est d’un bon niveau, globalement attendue et un peu impersonnelle (j’attendais quelque chose de plus typé en rapport avec la zone géographique du film), mais très convenable.
En conclusion ce film est une surprise en demi-teinte, qui a de bons et de mauvais cotés. Des acteurs solides, un traitement sérieux du personnage de la comtesse, de très beaux décors et une photographie soignée contrastent avec une débauche de personnages souvent inutiles et superficiels, un style trop hésitant, une durée trop longue, et une mise en scène qui n’est pas vraiment à la hauteur du sujet. Je lui accorde en conclusion 3.