Showgirls est l’un des films les plus mal aimés de Verhoeven, je me suis alors lancé dans son visionnage, pour me faire mon avis.
Le casting d’abord est convaincant. Le choix des acteurs a été bon, notamment Berkley dans le rôle principal. Clairement elle livre une prestation efficace, donnant du volume à son personnage, portant le film presque intégralement sur ses épaules tant elle monopolise l’attention du scénario. Alors certes son personnage ne plaira peut-être pas à tout le monde, comme l’ensemble des protagonistes d’ailleurs, mais cela relève de la subjectivité de chacun, et ce n’est pas ce que je juge ici. Autour de Berkley on trouve MacLachlan, un peu fade peut-être, mais ca passe bien finalement, Gina Gershon et Gina Ravera non moins investies et convaincantes que Berkley, et quelques personnages secondaires bien campés (par Robert Davi entre autre). Dans l’ensemble, en dehors d’un MacLachlan un peu sobre, l’interprétation est bien.
Le scénario est le point faible de Showgirls. Il n’est pas désastreux, mais aborde des thèmes complexes (vengeance, arrivisme, pouvoir du sexe, de l’argent, violence physique et morale dans le show biz…) avec de gros sabots. Du coup on a un résultat souvent caricatural, excessif, virant franchement au ridicule à l’occasion de certaines scènes. Certes Verhoeven n’est pas réputé pour sa finesse, mais enfin si dans Robocop ou Total Recall, ou même Basic Instinct cela pouvait passer, là dans le cadre d’un film de société, car c’est de cela qu’il s’agit, se piquant d’un regard cynique et caustique sur le monde du spectacle, c’est balourd, plus que provoquant. A noter que le film détient probablement un record de poitrines dévoilées. Cette insistance, pas forcément désagréable au demeurant est tout de même très lourdingue au bout d’un moment. Le film arrive quand même à accrocher pendant 2 heures, et il se conclue de manière sympathique.
Visuellement, Showgirls est un métrage efficace. Verhoeven livre un travail propre. Il se débrouille dans toutes les situations, avec une mise en scène nerveuse, recherchée, qui fonctionne parfaitement dans la manière de suivre les spectacles de danse. Ceux qui connaissent bien le cinéma du réalisateur hollandais le retrouveront ici sans difficulté. La photographie est bonne elle aussi. Elle retranscrit parfaitement l’ambiance Las Vegas, avec ses néons, ses couleurs criardes, ses paillettes, tout en montrant l’envers du décor, avec des arrières salles obscures, des escaliers peu engageants, introduisant de ci de là des couleurs crues contrastantes. Les décors sont du même acabit, très efficaces. Variés, ils mettent bien dans l’ambiance. Enfin, au niveau de la musique c’est convenable. Je m’attendais à un peu plus pour un film de ce genre, se passant dans la capitale du spectacle.
Pour conclure, Showgirls est un film qui de part son sujet clairement ne plaira pas à tout le monde. Il est bling bling, violent, vulgaire, mais cela est un choix artistique qu’il ne convient pas de juger. En revanche il est beaucoup trop simpliste pour donner tout le relief attendu aux éléments qu’il développe. Du coup malgré des passages crus et durs (comme un viol), son intérêt et son impact se délitent assez vite, le film paraissant plus racoleur que franchement porté par son message critique. Je m’attendais néanmoins à bien pire, et si sur le fond c’est brinquebalant, les acteurs et l’aspect formel relève nettement l’ensemble. A voir pour un public averti, qui n’a pas peur de la chair dévoilée.