Franchement, c'était vraiment bien. Je peux comprendre que ça puisse dérouter, mais après avoir entendu tout et son contraire sur le film, je m'attendais un peu à ça, à savoir un film avec des acteurs qui sont clairement beaucoup trop à fond à hurler, à surjouer, à se faire des câlins pour un rien... et j'ai envie de dire, ça va avec le film. Sans ça le film aurait été moins bon.
En fait ces acteurs, ça va avec le propos du film, ça va avec le ton film, avec ce Las Vegas qui est beaucoup trop extrême, beaucoup trop déglingué pour qu'on n'y laisse pas des plumes. Disons que ça aide à poser une ambiance, malsaine certes, mais une ambiance quand même. Alors clairement le jeu des actrices n'est pas naturaliste, mais mine de rien, ça n'empêche pas de croire aux personnages, parce que des filles hystériques qui veulent se faire des câlins, qui s'abusent avec leurs faux-semblants, j'en connais plein. Et donc, même si on est clairement au cirque, voire au bordel, ces personnages on est capable de les comprendre.
Et c'est la force du film, les jeux de dupe, l'héroïne est loin d'être une oie blanche qui serait pervertie par Las Vegas, la vie s'en est déjà chargée... (à moins que ça soit l'Amérique)
On voit donc l'héroïne qui aspire à devenir une grande danseuse jouer un peu à chat avec une star vieillissante, avec la question : qui réussira à prendre le dessus ? C'est une question rhétorique, au pays du faux, de l'apparence, la jeunesse a forcément un avantage, il faut juste créer sa chance.
Reste que ces scènes sont malsaines, pleines de faux sourires et le visage de Gina Gershon défiguré par la chirurgie esthétique fait forcément un peu de peine à voir.
D'ailleurs, si elle représente l'antagoniste du film, puisque c'est elle qui a le pouvoir, c'est elle la star, c'est elle qui se tape le mec haut placé, c'est surtout elle qui a la plus belle scène du film. Je pense à sa dernière apparition, où elle ôte enfin son satané sourire et où on découvre, un bref instant, la femme qu'elle est, blessée dans sa chair par sa défaite.
C'est ça qui est beau, c'est l'un des rares moments de vérité dans cet océan de fausseté qu'est Las Vegas.
Ce qui n'est pas beau en revanche, c'est les scènes de danse. Disons qu'on aurait pu imaginer un truc sensuel, sexy, excitant ou que sais-je... Et si c'est très bien filmé, c'est avant tout outrancier. Je ne pense pas que le but de Verhoeven soit là d'exciter le spectateur, au contraire, c'est dégoûtant comme l'héroïne est dégoûtante à manger ses hamburgers. C'est trop... beaucoup trop... Il y a une scène de baise, mais clairement la fille on dirait un magicarpe qui fait attaque trempette. Forcément ça fait sourire, c'est ridicule. Mais c'est tout ce monde qui entoure le personnage qui est ridicule avec elle.
J'aime beaucoup la fin, ayant sans doute plusieurs significations, où l'on voit l'héroïne s'échapper du nid de guêpe qu'est Las Vegas... pour se diriger vers Los Angeles... tout est dit...