Pris dans les soucis d’argent de la MGM, ce remake est un miraculé : tourné en 2009, il n’a été montré au public qu’à partir de 2012. Ce qui nous permet de découvrir un casting de talents prometteurs… qui pour certains ont depuis fait leur chemin ! Le futur Thor, Chris Hemsworth, fait un excellent Jed, Adrianne Palicki et Josh Hutcherson sont convaincants. On regrettera en revanche que Josh Peck en face vraiment trop… Misant tout sur l’action, c’est le premier film d’un réalisateur pas du tout novice : cascadeur de formation, Dan Bradley est un réalisateur de seconde équipe réputé, qui a officié pour Quantum of Solace, Spider man 3 et les Jason Bourne. L’action est donc de bonne tenue et l’ensemble agréable. Reste la motivation de ce remake. Avec des héros surtout concernés par les liens de la famille et les affaires de cœur, l’ensemble est nettement moins militariste et nationaliste qu’on ne le craignait. Une Aube qui peut cette fois compter sur une armurerie richement achalandée, l’action ne se situant plus dans la nature, mais dans une ville bénie par la NRA. Et quelle ville : c’est à Detroit, la ville en faillite, que le tournage a trouvé l’espace idéal pour ses belles explosions. Tout un symbole. Et que dire du méchant ! Pour des raisons commerciales, le vilain envahisseur chinois, redevenu gentil spectateur, a laissé au dernier moment son rôle à une armée nord-coréenne jamais clairement identifiée à l’image. Un envahisseur rigoureux à l’efficacité de robot, mais sans débordement de sadisme particulier. Et la présence d’anciens des commandos soviétiques n’y fait rien. Bien que secouée de renvois nationalistes, la Russie n’est plus l’URSS, et la dernière quête du mal a laissé un goût amer au gendarme du monde. La haine n’y est plus, l’ennemi non plus, et l’étendard patriotique a laissé place à un gentil film d’action. On ne s’en plaindra pas, mais nos jeunes héros s’en trouvent curieusement désemparés, orphelin d’un confortable manichéisme. Comme si du côté d’Hollywood et d’un certain imaginaire collectif, on souffrait de la nostalgie d’un passé où le mal était identifié, revendiqué, diabolisé, et instrumentalisé à loisir. Du coup, on la voit drôlement moins rouge cette Aube.