Film astucieux se jouant très habilement des codes des films d’horreur« La cabane dans les bois » réussit l’exploit de confronter de multiples mises en abyme sans jamais perdre le spectateur. Parvenant à maintenir un rythme soutenu tout au long de ses 1h30, à la fois sur le plan de l’humour, de l’action, du suspens, des références, voire de la critique sociale, le film de Goddard sait nous garder en haleine juste comme il faut à chaque instant et, petit miracle compte tenu de l’ambition un peu dingue de son intrigue, tient ses promesses jusqu’au dernier plan.
« La cabane dans les bois » non content de mêler des univers très différents sur le plan formel (films de fantômes, de zombies, de fugitifs, de serial killers…) s’attache également à alterner les ambiances : A la fois très drôle (la scène des collégiennes japonaises pratiquant un exorcisme est tout particulièrement hilarante), dérangeant par moment (la façon décomplexée dont les « techniciens » envoient des innocents à la mort, soit disant pour des intérêts supérieurs, en y prenant un plaisir évident), tout en entretenant un certain degré de tension (Les jeunes vont-ils s’en sortir ? Le monde va-t-il survivre ?) et de mystère (pourquoi ou pour qui fait-on tout cela ?). Sans prétention aucune à une quelconque profondeur (le côté divertissement est totalement assumé), « La cabane dans les bois » est très bien fait et se révèle un film qui pique la curiosité, émoustille et titille comme on en voit peu.
Le jeu de références rappelle Scream, avec sa façon de décortiquer à l’extrême les ficelles du genre « Slasher, » mais cela se révèle, à notre grand plaisir, bien plus tordu encore. Rapprochement étrange, dès le départ, de deux intrigues que tout semble opposer (les teenagers en route vers le week end de l’horreur et les bureaucrates en pleine conspiration high tech) et qui vont finalement s’interpénétrer (les jeunes piratent le système et s’infiltrent dans la méga corporation pour y foutre un max de bordel), le film laisse apparaître vers son dernier tiers une troisième perspective (les « grands anciens » qui vont se réveiller et détruire le monde si on ne leur donne pas régulièrement la pitance sacrificielle adéquate), qui sous-tend les deux autres et donne sa « cohérence » à l’ensemble.
Assemblage de références, véritable auberge espagnole du film de genre, les clin d’œil sont trop nombreux pour être exhaustivement dénombrés. Ca commence comme « la colline à des yeux » ou « massacre à la tronconneuse », ca continue comme un « Evil dead » mâtiné de « Battle royale » et de « Hunger games », intercalé par des scènes de bunker sf avec des salopards gouvernementaux à la « The crazies» ou « Day of the Dead, » et le tout se termine en « l’antre de la folie » (très « lovecraftien » comme dénouement), après un joyeux bordel où se retrouvent mélangés « Ring », « Alien », « Hellraiser », « La créature du lagon noir», « Ca », « narnia » (la licorne !), et j’en passe… Un véritable feu d’artifice ! Jusqu’à Sigourney Weaver, qui vient nous faire coucou à la fin en tant que « directrice » du projet .
Tout à fait le type de film où l’on attend, avec une certaine anxiété (car on passe un vrai bon moment), l’instant où les ficelles vont s’emmêler et l’intérêt retomber comme un soufflé raté. Mais ce moment de perte de contrôle, qui vient si souvent plomber même les meilleurs films du genre, n’arrive jamais ici.