Un très beau film, très réussi, et pourtant c’était un exercice très périlleux : décrire la vie de deux paumés, sans boulot, presque SDF, sans tomber dans un misérabilisme social. Et le challenge est gagné, car le film reste toujours positif, digne, à l’image du titre magnifiquement choisit, « tombé 7 fois, mais qui se relève 8 ». Julie Gayet affronte l’adversité, expulsée de son logement, elle n’arrive pas à trouver de boulot, elle doit se résoudre à vivre dans les bois, elle ne peut plus exercer son droit de visite à son fils, dont le père a la garde. Mais pourtant elle tient debout, elle se soigne, elle se tient impeccable, et continuer à enchaîner les petits boulots, tout en passant des entretiens. Elle garde l’espoir et elle positive. La difficulté du monde moderne est bien montré, la compétitivité, la rareté d’un CDI, le mauvais enchaînement de circonstance aussi, la chute rapide, mais tout cela sans haine. Il y a de l’espoir, des petits moments de fraternité, au bout du chemin un certain confort social. La réalisation de Xabi Molia est une belle surprise, très naturaliste avec une grande attention portée aux personnages, beaucoup d’empathie pour les seconds rôles : les travailleuses de nuit immigrées, le cousin qui l’aide, les collègues de boulot. Julie Gayet est formidable et tient là son plus beau rôle. Elle joue parfaitement, juste, savamment dosé, en finesse, son visage est lumineux, lunaire, il capte la lumière. Et puis son petit sourire, qui surgit parfois, fragile, craquant, pour redonner de l’espoir. Denis Podalydès est aussi très bon et tient là un très beau rôle. Des beaux moments d’émotion et de cinéma intense, comme le week- end à la mer avec son fils, ou chacun découvre l’autre, très intense, ou la retrouvaille des deux paumés dans les bois, installés chacun de son côté, réaliste et bucolique à la fois. Le final, à l’image de tout le film, est positif, il faut garder espoir, se battre et peut-être partager un peu d'amour.. Un film choc, émouvant, juste, et joyeux aussi, sans aucun temps mort.