En cinéaste de réputation exigeant et ultra-perfectionniste, Jaime Rosales se lance avec UN TIR DANS LA TÊTE un défi formel singulier et audacieux, qui relève véritablement de la gageure. L'originalité de son nouvel opus tient d'un parti-pris curieux de faire abstraction de tout dialogue. Un parti-pris très radical, qui prend ainsi totalement à contre-sens le genre du film policier, et prend au piège le spectateur, livré à une certaine frustration. Le défi est alors plus ou moins relevé car si Rosales assume entièrement ses choix, l'adhésion du public ne saurait être unanime. UN TIR DANS LA TÊTE est un type de cinéma qui apparaîtra à un grand nombre comme totalement hermétique ; pour les autres, ce qui comptera le plus, c'est le mérite de proposer un tel exercice de style, au concept aussi curieux que stimulant. Au final, les motivations et objectifs du réalisateur n'étant que peu, ou pas, dévoilés à travers son œuvre, le seul choix qui reste au spectateur est de décider s'il accepte ou pas l'absurdité de l'exercice. Après "La Soledad" et l'expérience unique UN TIR DANS LA TÊTE, Jaime Rosales s'impose comme l'un des cinéastes majeurs du cinéma espagnol actuel, sachant prendre des risques et faire preuve d'inventivité, assurant au passage au cinéma de son pays diversité et renouveau.
En 2008, La soledad de Jaime Rosales avait comblé les cinéphiles, aussi brillant dans son fond que dans sa forme. Avec Un tir dans la tête, le cinéaste espagnol pousse le bouchon bien plus loin en réalisant un film aux dialogues volontairement inaudibles, comme pris au télé-objectif. Une oeuvre destinée aux sourds-muets, capables de lire sur les lèvres ? Non, une "expérience" pour Rosales, qui laisse au spectateur le soin de reconstituer une histoire, si tant est qu'il en existe une, puisque l'on assiste, quasiment en temps réel, au quotidien d'un homme, qui passe son temps à manger et à discuter avec ses amis. Il arrive bien quelque chose de grave vers la fin du film, mais aucune explication n'est donnée quant à la motivation de cet acte de violence. Y a t-il un message dissimulé quelque part ? Que la violence est gratuite, par exemple ? En tous cas, c'est un bel exemple de film...gratuit.