Mille mercis au Festival Les Écrans Britanniques (Nîmes), qui nous a présenté ce curieux film, et qui nous a mis en relation avec Michael Feeney Callan, le biographe de Sean Connery et ami de John Boorman (le réalisateur), afin de nous l'expliquer. Après deux heures de brillantes analyses, d'hypothèses et d'origin story de ce projet, ce vénérable puits de sciences en cinéma nous a évité de méjuger Zardoz. Avant son intervention, nous n'avions pas compris grand chose aux intentions de l'auteur John Boorman, à son Sean Connery en slip rouge moulant (mesdames...) et à la queue de cheval qui nous fait hennir, à ses délires cosmiques, à sa mise en scène tape-à-l’œil, à ses séquences qu'on jurerait faites sous opiacés... Mais certains éléments sont impossibles à interpréter pour un spectateur "non spécialiste", qui comprendra le sens général de l’œuvre (le thème de l'immortalité, les croyances et religions, le sens - épicurien - de la vie, le plaisir que l'on en tire...), mais loupera le reste. On a ainsi pu demander à Mr. Callan le sens de la sexualité dépeinte par Zardoz car, à voir toutes ces femmes en gros plans cadrés "là où il faut" (entre le cou et le nombril), on a finit par se dire que cela voulait nous dire quelque chose, perdu dans les thématiques philosophiques très poussées (pas juste du plaisir des yeux gratuit). Et effectivement, on était loin du compte. Ces plans de nus féminins sont inspirés des légendes et de la culture irlandaises, qui met en avant le matriarcat et le corps des femmes comme une libération ultime (de l'esprit, de la Vie, de la pureté...). Le réalisateur John Boorman, irlandais, et tournant sur ses terres natales qui lui sont chères, n'avait pas pu concevoir son œuvre parlant de cette thématique de la vie et de la mort mélangées et interdépendantes sans puiser dans le folklore local. On n'était donc pas là pour se rincer l’œil (oups). Ensuite, on nous a expliqué que, plus que Le Magicien d'Oz (The Wonderful Wizard of Oz) évoqué dans le film, la genèse du projet vient du roman La Machine à explorer le temps d'H.G. Wells, dans lequel on retrouve ces créatures naïves au-dessus de toute préoccupation terrestre (les Elois, descendants des hommes riches) qui sont menacés par les créatures destructrices (les Morlocks, descendants des hommes pauvres). Plus proche de nous cette fois, nous ne pouvons pas passer devant la critique des maisons de retraites où certaines familles balancent papy-mamie sans plus de cérémonie, ces derniers attendant un peu de visite dans leurs mornes journées. Quant à ce Zardoz, véritable OVNI visuel, on aime les messages véhiculés, très profonds et mûris par leur auteur (on le sent, ce thème lui est cher), mais dont la forme nous laisse songeur. On repense à cette séquence hystérique, voire psychotique, dans le palais des glaces (faut arrêter la fumette), à cette décoration et accessoires trouvés dans une brocante, à ce gars qui babille puérilement et les autres qui l'applaudissent, à ces têtes qui volent dans tous les sens... On ne sera pas surpris d'apprendre par Mr. Callan que l'auteur Boorman et Sean Connery, tous deux consommateurs de LSD et drogues dures à l'époque, et en proie à des sérieux doutes existentiels, ont souhaité retrouver à l'écran ces bad trips "si éclairants" qu'ils ont expérimenté. C'est ce qui est dommage avec Zardoz : on passe autant de temps à se demander ce que tel élément (ou délire) fiche là qu'à se questionner sur le sens du message caché. Ainsi, Zardoz est un film tellement "dur à choper" qu'il est bien plus simple de le classer dans les gentils nanars, dont on voit ce qu'il veut dire globalement, mais dont la réalisation "délire sous LSD" le dessert complètement. Mieux vaut avoir Mr. Callan sous la main.