J'avais plutôt apprécié jusqu'ici les films de Jim Jarmusch que j'avais découvert... Jusqu'ici. Non pas que « Dead Man » n'ait pas des arguments pour séduire, loin de là : ce noir et blanc étrange et presque irréel est magnifique, le réalisateur se montre constamment surprenant dans ses choix, la galerie de personnages (et d'acteurs) faisant son effet, certaines scènes, notamment grâce à la qualité des dialogues, ne laissant pas indifférent. Reste que malgré une expérience visuelle (surtout au cinéma) des plus stimulantes et une atmosphère presque fantastique, c'est long... Vraiment long. Alors je ne dis pas : dans la logique que Jarmusch cherche à instaurer, c'est cohérent avec l'intrigue et la vision du cinéma de son auteur. Mais lorsque vous êtes spectateur plutôt adepte de westerns « classiques », difficile de s'y retrouver. La dimension mystique, pourquoi pas, mais pas à longueur de récit. J'ai beau avoir apprécié les éclairs traversant « Dead Man », il ne s'y passe en définitive pas grand-chose, se focalisant presque exclusivement sur la relation entre William Blake et Nobody (heureusement bien incarnés par Johnny Depp et Gary Farmer) alors que tous ces seconds couteaux (entre)vus auraient pu apporter tellement plus, même s'il y a une certaine logique à ce que certains ne fassent que des apparitions. Ce n'est vraiment pas le film de tout le monde : je ne suis pas prêt d'oublier la musique de Neil Young, ni la photographie de Robby Müller et encore moins l'étrange poésie dans laquelle l'œuvre est constamment bercée, tout en regrettant amèrement que ces atouts majeurs débouchent principalement sur un titre aussi lent et trop souvent peu excitant. En espérant que cette déception sera éclipsée par d'autres belles découvertes « jarmuschiennes » : après tout, il n'y a pas de raisons... si ?
Un superbe film, poignant, on entre dans l'histoire comme une barque descend le long d'un fleuve. Le peu de paroles contribue au charme du film, et renforce l'esthétique cinématographique: maquillage, et décors sont splendides. Johnny Depp est toujours aussi excellent, il mène le film. A voir.
"Dead Man" fait parti des pépites des années 90, décennie qui a livrée autant de navets que de très bons films maitrisés avec un univers singulier, le film de Jim Jarmusch fait bien entendu parti de la seconde catégorie, un western sombre et poétique avec un noir et blanc esthétiquement sublime. Johnny Depp campe le rôle d'un jeune comptable paumé dans une petite ville du far west, à la suite d'un meurtre conjugal il va se retrouver traqué, va alors commencer un voyage initiatique avec un indien de sang mêlé. Dès les premières minutes l'univers décalé est planté avec ce dialogue fou entre Depp et Crispin Glover, l'arrivée au village est des plus pesantes digne des grands westerns spaghetti, s'en suit une scène très "Coen" où le jeune notaire se retrouve dans le rôle du looser typique, son destin va prendre un nouveau virage et les ennuis vont s'accumuler ... On suit en parallèle le chemin de 3 chasseurs de primes, avec notamment un excellent Lance Henriksen, et les situations rocambolesques vont se succéder avec une écriture jouissivement intelligente. Le personnage de Depp lui est représenté comme la réincarnation présumée du poète William Blake (ou juste un simple hommage explicite de Jarmusch), l'indien "Personne" le voit comme tel en tout cas, et les deux vont errer dans les bois sans but et faire des rencontres impromptues comme ce campement de vagabonds (on reconnaît Iggy Pop et Billy Bob Thornton) ou les chasseurs aux trousses de Blake. La dimension presque surnaturelle du personnage de Blake est intéressante, on dirait presque un mort vivant, il bénéficie d'une sorte de transformation vampirique, ses cheveux restent propres, il n'a plus besoin de lunettes, il ne fume pas (le film ne cesse de suggérer que fumer est presque un besoin vital), et la fin confirme un peu cette idée d'immortalité. A noter également la bande son génialement composée par Neil Young qui nous transporte avec brio dans l'ouest américain, renforçant ce registre de western sombre et décalé. "Dead Man" est donc un film extrêmement riche autant scénaristiquement qu'esthétiquement avec une mise en scène parfaite et un univers vraiment particulier et savamment dépeint, une véritable expérience à vivre.
Vision complètement hallucinée qui mêle mysticisme et sang dans un noir et blanc qui à lui-seul immortalise chaque plan, Dead Man est une expérience unique. Il faut, pour se l'approprier, accepter d'y perdre tous ses repères et aller chercher de soi-même le cachet poétique d'un film qui peut être vu comme une agonie de deux heures, comme une renaissance par la mort. Le casting, impressionnant, est jalonné de gueules qui portent la signature d'un univers où tous les traits sont grossis, et où la mort se démultiplie. Johnny Depp trouve quand même le moyen de se signaler, en parfait contre-point angélique aux monstres qui l'entourent et dont l'évolution se construit subtilement. Devenu plus redoutable que tous ceux qui le chassent, le personnage garde pourtant ses airs délicats, réussissant à remporter la seule victoire possible dans ce monde dont la seule vérité est esthétique. La musique de Neil Young, omniprésente et minérale, intervient comme une présence, comme le spectre du monde qui s'échappe tandis que tous les hommes s'effondrent, trop faibles pour suivre Depp dans une marche qui n'appartient qu'à lui. Iconique, mélancolique et curieusement profond.
Après être essentiellement resté dans un milieu urbain, J. Jarmusch étonne avec ce film qui tire plus vers le western, là aussi un road movie, une épopée sanglante, sauvage et brutale, qui l'emmènera à rencontrer et à affronter une multitude de personnages. Campé par un J. Depp hallucinant, le héros erre au milieu d'un décor qu'il ne connaît pas et se retrouve bien malgré lui embarqué dans une épopée qui le dépasse. Pourchassé par 3 tueurs (dont 1 particulièrement sadique), aidé par un Indien très lettré qui va l'amener au bout de son voyage, traversé par des fulgurances de violence (dont certaines très hardcore). Le N&B magnifique se justifie en une seule scène, l'une des plus belles que j'ai vue de toute ma vie, celle dite du petit faon. Pour le reste, avec son casting très haut de gamme, ses multiples hommages, un scénario intéressant mais un peu répétitif, une ambiance mêlant réalisme et fantasmes, et une mise en scène parfaitement maîtrisée, le film est une réussite indéniable. Reste la musique de N. Young, pénible et répétitive dans la 1ère heure, indispensable et magnifiant les images dans la seconde. D'autres critiques sur
Film inintéressant (si ce n'est les cinq premières minutes et les cinq dernières qui sont pas mal), il ne se passe rien, déjà que les western c'est pas terrible ( en plus d'être une mythologie américaine, les cowboys étant dans la vraie vie de simples vachers sans aventure). Bref c'est très mauvais.
Pour moi le plus grand film de Jarmush. Le plus abouti. C'est que pour une fois, son maniérisme et son goût pour les moments de flottement, apportaient à ce western métaphysique tout ce qu'il y fallait, tout ce qu'il y manquait pour nous ensorceler. Dead Man ne raconte pas autre chose. Une âme en transit,presque désincarnée, flotte et traverse l'âge des braves sur une terre peuplée de fantômes et d'esprits. C'est un Jarmush au sommet de son art qui a déniché l'acteur rêvé pour accoucher d'un petit requiem sensationnel. Sensationnel au sens des "sensations" qu'il nous fait ressentir... Nous flottons avec le personnage principal, nous vivons avec lui cette Near Dead Man Experience...
Mon préféré de Jarmush. La musique de Neil Young à la guitare pour ce western fonctionne totalement et souffle un vent de poésie sur cette histoire violente. Johnny Depp se dépasse et est sublimé, il incarne très bien le citadin qui se retrouve confronté au monde rural. De ce "choc" de civilisation (thème assez récurrent au Cinéma) un déferlement de violence s'en suivra. Cette épopée hallucinée est vraiment géniale, et rentre de façon parfaitement cohérente avec le reste de l'oeuvre de son tout aussi génial réalisateur. Un très grand moment.
Film culte pour beaucoup, "Dead Man" est l'exemple-type de ce que le cinéma indépendant américain est aujourd'hui capable de produire de mieux tant qu'il s'adresse encore à un public relativement large. Jim Jarmush a depuis une vingtaine d'années imposé une marque atypique et facilement reconnaissable. En 1995, il mettait en scène ce Western décalé, aux allures métaphysiques, aux échos surréalistes dans un noir et blanc nous emportant de la première à la dernière seconde dans son esprit, revisitant les mythes de l'Ouest avec un humour souvent à la limite de l'absurde auquel je suis personnellement assez sensible. Abandonnant presque entièrement ses dialogues, il narre une fable anti-conventionnelle, un conte moderne poétique se permettant à plusieurs reprises de superbes envolées lyriques. Les personnages très charismatiques confrontés à l'amour et la violence mais donnant tous l'impression de plus ou moins s'échapper d'un monde oppresseur dont ils ne veulent faire partie peuplent un monde inédit et non moins fascinant, passionnant. Chacun souhaite écrire sa légende, le tout sous les yeux reculés d'une caméra calme, sereine, offrant de très longs plans pour la plupart impeccablement construits. Johnny Depp s'en sort relativement bien, Robert Mitchum dans un second rôle est délirant, bien suppléé par une pléiade d'interprètes venus apporter leur petite touche personnelle (Gabriel Byrne, Iggy Pop...). La bande-son est (employons les adjectifs élogieux lorsqu'ils le méritent) fabuleuse, rythmant littéralement un long-métrage qui aurait été bancal sans son apport. On regrettera cependant un troisième acte hésitant, frôlant de temps à autres le vide, traînant en tout cas inlassablement en longueur de même que la distance trop souvent affichée par Jarmush à l'égard du spectateur. "Dead Man" n'en demeure pas moins un film très intéressant notamment dans la forme novatrice qu'il propose, bien loin des académismes pompeux trop souvent en vogue dans le cinéma actuel.
Un film exceptionnel, une fable magnifique que ce voyage vers la mort. Les acteurs sont parfaits, les images, et l'esthétique du film en général, d'une beauté à couper le souffle. Une œuvre envoutante et inoubliable.
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0,5
Publiée le 5 mars 2021
L'empereur n'a pas de vêtements. De quoi parle-t-on dans ce film prétentieux. Je peux certainement apprécier un film qui sort de l'ordinaire mais ça c'est maladroit et c'est guindé. Et certainement pas crédible dans tous les sens du terme crédible. L'histoire commence avec William Blake (Johnny Depp) à bord d'un train qui se dirige vers l'ouest. Cependant au lieu d'arriver en ville ces scènes sont vraiment ennuyeuses car un tel voyage aurait pris plusieurs jours voire plusieurs semaines . Blake a apparemment tout vendu et se dirige vers l'ouest suite à la mort de ses parents et à la rupture de ses fiançailles. Il a une lettre de la Dickenson Company lui offrant un emploi mais après l'arrivée du train il apprend que le poste a été pourvu il y a longtemps et que le propriétaire de la société (Robert Mitchum dans son dernier film) est un fou psychotique qui semble désireux de tirer sur quiconque le dérange dans son bureau. La seule bonne chose c'est la bande-son de Neil Young, vraiment suggestive. D'abord il n'y a absolument aucune intrigue dans ce film. Deuxièmement la plupart des dialogues sont inintelligibles. Troisièmement il ne se passe rien. Je crois que j'ai regardé ma montre 30 fois pendant cette histoire. Je n'appelle pas ca de la poésie non j'appelle ça de l'auto suffisance. De la philosophie comme les phrases qu'on trouve dans les chocolats. William Blake (Johnny Depp) est un compagnon qui ne peut pas utiliser d'armes. Après 3 ou 4 tirs il devient le meilleur tireur de l'Ouest. Je soupçonnais fortement que quelque chose n'allait pas dans les cinq premières minutes lorsque le train en direction de l'ouest a été malmené maladroitement au point de provoquer des rires. En plus pourquoi filmer de si beaux paysages en noir et blanc pour ennuyer encore plus le spectateur peut-être...
Quelle déception face à un film que je voulais voir depuis longtemps ! Tout s'annonce bien (l'esthétique, notamment, la photo, superbe) jusqu'à cette scène ridicule de meurtre dans une chambre, qui annonce le niveau des suivantes. Il faut alors s'accrocher à son cheval : le road movie sellé qui suit est d'une telle lenteur que j'ai dû m'y reprendre à deux fois, n'ayant pu lutter, la première, contre le sommeil. Il ne se passe pratiquement rien, tout sonne creux. Un film qui n'a ni queue (de cheval) ni tête. Dommage, quand on connaît le talent de Jarmusch, superbement exprimé dans ce récent chef-d'oeuvre qu'est "Only lovers left alive".
Concevoir le western comme une quête initiatique vers la mort, c’est concevoir l’Amérique moderne comme le fantôme de ses propres espoirs. C’est ce pari fou qu’a relevé Jim Jarmusch en signant, avec Dead man, une œuvre étrange mais véritablement somptueuse qui s’éloigne des décors urbains de ses précédents films. Bercé par une musique lancinante signée par Neil Young, le parcours de William Blake dans ce monde arriéré et hostile est une métaphore poétique sur le passage de la vie à la mort, écrite avec une subtilité mystico-philosophique et mise en scène avec autant de grâce onirique. L’extraordinaire casting réuni par Jarmusch participe à percevoir l’entrée en scène de chaque personnage comme un bonne surprise, d’autant que leurs rôles haut en couleurs et parfois décalés accentuent la perpétuelle rupture de ton qui est faite entre l’esprit fantasmatique de la description qui est faite de l’ouest sauvage et la thématique morbide accentuée par les magnifiques nuances de l’imagerie en noir et blanc.