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Alain D.
584 abonnés
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4,0
Publiée le 19 avril 2020
40 réalisateurs ont tourné une séquence de leur choix avec trois Régles du Jeu à respecter : 1- Camerer avec la "Boite" des frères Lumiere, 2- Pas de son synchrone, 3- trois prises seulement. Évidemment, des caméras modernes filment les tournages, accompagnés de photographes et d'ingénieurs du son. Après la projection de "Arrivée d'un train à La Ciotat" en 1895, Patrice Leconte fait un remake en 1995 ; il ouvre "Le Jeu" avec une séquence pleine d'humour. Une séquence très artistique sur les 6 premiers Arts du danois Gabriel Axel. Scène très drôle de Claude Miller avec la petite fille et la balance publique, suivi d'une séquence drôle et émouvante de Jacques Rivette : "Une aventure de Ninon". Viennent ensuite, Michael Hanneke à Vienne, Raymond Depardon, Wim Venders. Jaco Van Dormael nous dresse un émouvant portrait à Bruxelles ; Régis Varnier nous montre François Mitterrand au jardin du Luxembourg. La camera voyage ensuite au Japon, en Chine ... Liv Ullmann nous emmène à Stockholm et puis la "Boite" part à Barcelone, en Roumanie ... A Paris, Claude Lelouch nous offre un travelling circulaire fantastique. Arthur Penn à Johannesburg nous offre une scène délirante, David Lynch tourne un policier à Hollywood ... Des questions sont posées aux cinéastes : le cinéma est-il mortel ? Pourquoi tournez-vous ? Ils filment pour : vivre, se rappeler, par défi, par curiosité, pour voir ou imaginer des choses (Claude Lelouch). Dommage que les réponses soient souvent inaudibles ou décalées des images. Pardon pour les non cités comme Cédric Klapish, Spike Lee, Costa Gavras ...
Réalisé en 1995 pour célébrer le centenaire du cinématographe Lumière, "Lumière et compagnie" propose à une quarantaine de réalisateurs de filmer un court de 53 secondes avec le cinématographe en question. Chose ardue pour ces derniers qui doivent oublier les moyens contemporains qu'offre la réalisation d'un film, et s'adapter aux capacités du cinématographe. Le résultat donne des choses surprenantes pour les uns, décevantes pour les autres. Le véritable attrait de ce "Lumière et compagnie" tient plus de la curiosité de voir des films "modernes" réalisés avec le bijou inventé par les frères Lumière qu'autre chose. Outre la qualité des courts-métrages qui varie en terme de qualité, on ressent un certain amusement à voir ces cinéastes se creuser la tête concernant leur mise en scène avec autant de contraintes et vivre à fond leur passion pour le Septième Art. Car c'est ce qu'est "Lumière et compagnie". Une lettre d'amour adressée au cinéma ainsi qu'à ses réalisateurs qui donnent vie à toutes ces images nous apportant du rêve, de la joie, de la tristesse, et encore une bonne palette d'émotions que je ne citerai pas, car là n'est point le but de cette critique. "Lumière et compagnie" fleure bon la nostalgie d'antan, tandis que le cinématographe Lumière s'exécute au rythme des diverses créations. Dommage que ces créations soient inégales. Mais "Lumière et compagnie" reste un document incontournable pour tous les amoureux du cinéma.
Dans le cadre de Lumière et Compagnie, l'oeuvre de David Lynch, Premonition Following an Evil Deed, parvient, en 55 secondes, à donner vie à une séquence déstructurée de sorte à rétablir ce grand mystère à l’origine du cinéma lui-même, ce mystère d’images en mouvement apte à laisser le spectateur s’engouffrer dans les blancs pour, actif, rétablir du sens. Ou comment rappeler que le cinéma reste une construction sensible que David Lynch aime court-circuiter de sorte à convier son public à une participation directe : l’effort de connecter les petites scènes entre elles reproduit la perception par les sens d’une réalité puis sa transmission en message nerveux que le cerveau appréhende et interprète. Cet acte diabolique, c’est le meurtre d’une jeune fille, c’est l’œuvre d’art elle-même : parce que cette dernière nous plonge dans un ordre rationnel et relationnel différent du nôtre, elle agit à la manière d’une prémonition, soit une intuition parapsychique d’un événement proche, un avertissement sur le sens à venir. Premonition Following an Evil Deed, c’est une métaphore du cinématographe tout entier, que Lynch exploite avec son sens si particulier de l'analogie.
Wow ! Quelle claque ! Le plus grand art avec le minimum de moyen. Qu’est-ce qu’il reste à un réalisateur lorsqu’on lui supprime pratiquement tout ses moyens technique ? Eh bien l’imagination, juste un peu moins d’une minute pour condenser une pléthore de stimuli visuels et émotionnels en noir et blanc et parfois sans le son. Le concept de ce film est tout bonnement génial, réunir la crème des réalisateurs et les faire tournés avec la toute première caméra cinéma au monde : le cinématographe. Chacun est habitué aux images en noir et blanc veillottes et pleine de charme ou l’on remonte le temps au début du XXème siècle. Imaginez ces mêmes images montrant notre monde moderne, avec en plus la dextérité et l’expérience qu’a acquis le 7ème Art depuis sa naissance. Ce film est un vrai régal pour absolument tout le monde. Ici pas d’esbroufe ou de ciné pseudo intello. Juste l’essentiel en noir et blanc et en 52 secondes.
1 caméra, 40 films, 40 points de vue sur le cinéma et donc sur la vie. Une expérience, captivante, poétique et tendre. Je précise qu'il y a du son sur les films mais qui n'est pas synchrone. L'habillage sonore (bruitage et musique) est d'ailleurs une des richesses de cette expérience. Les films sont entrecoupés de leurs making of, de mots des réalisateurs sur le cinéma et d'images des frères Lumières. Mes films préférés sont dans le désordre ceux de Claude Lelouch, David Lynch, Nadine Trintignant, Régis Wargnier, John Boorman, Abbas Kiarostami, Idrissa Ouedraogo, Francis Girod, Alain Corneau, Jerry Schatzberg.