Réalisé par Jésus Franco, Crimes dans l’extase a un titre assez attirant pour l’amateur de cinéma Bis assez particulier, pourtant au final, c’est une déception.
Coté interprétation on ne peut nier une certaine efficacité à Soledad Miranda, qui, si elle avait vécu plus longtemps, aurait peut-être pu espérer une carrière de qualité. Fort belle, elle apporte à son personnage tant sa sensualité que sa froideur, et ne peine pas à rendre les émotions de Mrs Johnson, lorsque celle-ci perd son mari. Elle porte tout le film, puisque les autres personnages sont pour l’essentiel appelés à disparaitre, où alors n’ont qu’un intérêt secondaire, à l’image de celui de Tappert. Ce-dernier fait d’ailleurs parti des quelques « guest-stars » du film, aux cotés notamment d’Howard Vernon, acteur bien connu de ce type de productions et de Jésus Franco lui-même. Clairement tous ces acteurs n’abattent pas un boulot d’enfer, mais enfin, compte tenu de ce qu’ils ont à produire, ils ne s’en sortent pas mal.
Le scénario est très décevant. En fait il part sur des bases plutôt solides. Mais très vite il vire à une histoire de vengeance très mal construite. On a le droit à une succession de chapitres avec la mort une par une de chaque personnage. C’est répétitif, souvent très lent avec des scènes qui s’étirent inutilement en longueur, l’enquête de Tappert ne sert vraiment pas à grand-chose. Des émotions du début il n’est absolument plus question et le film finit par devenir bien vide, peu intéressant, longuet, se concluant heureusement de façon un peu meilleure. En fait le spectacle est vain, et déjà vu bien mieux traité ailleurs car au final Crimes dans l’extase n’est pas original.
Sur la forme, c’est à peine mieux. Franco ne donne pas une mise en scène très enthousiasmante. Il y a quelques plans qui rappellent que le réalisateur est capable de faire de bonnes choses, mais là où il avait la possibilité de s’exprimer le mieux, comme dans les scènes érotiques et les scènes de meurtre, le résultat est assez quelconque, avec un réel manque d’esthétisme et de recherche. Par ailleurs la lenteur de la caméra renforce le sentiment d’un film mollasson. La photographie est difficile à juger, car mon support n’était clairement pas dans le meilleur jus. Néanmoins je n’ai pas ressenti là encore de grandes recherches esthétiques, avec un résultat banal. Les décors en extérieurs sont pour leur part réussis, avec notamment un immeuble à l’allure futuriste très particulière. Malheureusement c’est compensé par des intérieurs d’une pauvreté rare qui témoignent d’un budget probablement rachitique. Je précise qu’en dépit de son sujet, Crimes dans l’extase n’est pas un film très violent, avec peu de sang et peu de scènes choc. Il y a peu de sexe aussi, avec beaucoup de suggestivité, et pour scène un peu transgressive, quelques caresses saphiques. En revanche un réel travail musical a été conduis. Il en étonnera plus d’un, mais indéniablement un certain effort à été fait.
En conclusion, Crimes dans l’extase est un film secondaire, qui ne mérite vraiment d’être vu que par les amateurs de Jésus Franco ou de Horst Tappert. Mou, pas assez original ou subversif, très quelconque sur la forme, peinant à cacher son faible budget, il est à la traine, et c’est regrettable compte tenu de son potentiel sur le papier.