«Niko - Lentäjän poika» (Danemark/Irelande, 2008) de Michael Hegner et Kari Juusonen, par la qualité de ses graphismes et par le soin apporté à son récit, ambitionne de rivaliser avec les grosses productions hollywoodiennes. Un jeune renne, Niko, rêve de rencontrer son père, membre selon sa mère de la brigade volante du Père Noël. Accompagné de son ami Julius, un écureuil volant, il s'enfuit chercher le pays secret du Père Noël pour y retrouver son père, et par là même pour y apprendre à voler. L'histoire de cet animal terrestre qui aspire à voler n'est pas sans remémorer le personnage de Dumbo et, bien avant, celui d'Icare. Cette façon, très classique, d'actualiser un mythe selon les impératifs contemporains en dit beaucoup sur la façon dont notre époque perçoit les récits fondateurs qui l'ont précédés. Niko, petit être faible, veut trouver la force de vaincre la horde de loups et retrouver son père mais tout en préservant son intégrité auprès du troupeau. La poésie enfantine garrotte l'ensemble pour lui donner l'aspect conventionnel, nécessaire au succès du film, semblable aux productions Dremaworks ou Pixar. La bonhomie des personnages, l'archétype de leur caractère et la lisse perfection des décors donnent au film cette apparence analogique, exempte de singularité, qui le rattache à la vertu graphique des grands studios d'animation américain. Les moyens sont moindres, et de ce fait la qualité plastique paraît plus «cheap». Néanmoins, le succès d'«Ice Age» a prouvé à nouveau que la réussite d'un film ne dépend pas de la luxuriance de ses images. «Niko», film innocent par son manque évident d'innovation, travaille des récits éculés, plongeant le tout dans un milieu coutumier aux pays nordiques, et répond au cadre, très commercial, des périodes de Noël. Il est dès lors difficile de parler d'art, de culture ou de politique du cinéma. Reste à apprécier la légèreté de cette animation, oubliant combien elle est inféodée au modèle américain.