Bizarrement, le fait que le film soit un récit autobiographique m’a énormément surpris (je l’ai su qu’après l’avoir vu) car par la façon dont il est traité, j’étais persuadé que c’était une fiction, par un manque de réalisme – et je le crois toujours. Ce n’est pas un Rohmer qui, lui, par la fiction, va faire naître des situations semblent toutes banales entre les personnages et on ne peut plus réaliste, là beaucoup de scènes m’ont paru surréalistes, ou plutôt irréalistes. La façon dont par exemple la femme du héros parle de son amante, par moments sans animosité aucune, ou bien la discussion entre le héros et les parents de Jobert sur sa fille, sorte de règlement de compte dans une tranquillité absolue… Dire simplement calmement qu’untel a gâché six ans de la vie de quelqu’un, je trouve ça presque anormal. A part Yanne sur qui se concentrent tous les maux des personnages, j’ai l’impression que pour le reste il y a une certaine légèreté, ou non même pas plutôt une sorte d’indifférence, une neutralité ; tous ces personnages ne m’ont pas paru aussi « vivants » que celui de Yanne, et le contraste est saisissant.
Pour un propos plus global, il est vrai qu’il y a beaucoup de redites dans les situations. Finalement toute cette longue première partie m’a beaucoup ennuyé, les situations ne m’ont pas semblé saillantes, percutantes, alors oui il y a ces scènes démentes (comme le monologue dans la voiture) où Yanne se défoule – à ce titre pendant longtemps j’ai plus été touché par l’aspect comique que tragique de la chose – mais malheureusement rien d’autre quoi. Jobert me parait assez antipathique, sans vraiment de charme, bon Yanne aussi mais de ce côté-là c’est plus compréhensible. A ce niveau-là la mise en scène ne m’a pas réellement inspiré, l’austérité pour les moments « clashs » ok, mais il n’y a que ça quoi (si on omet la toute fin que d’ailleurs j’ai trouvée vraiment laide), Pialat ne s’autorise rien, et ça renforce un peu cette neutralité.
Alors une seconde partie – difficile de vraiment en distinguer deux – où la rupture est « officialisée », enfin sans détour, sans ultime raccrochage, et là j’y ai trouvé bien plus d’intérêt, voir Yanne changer, celui qui faisait le con, agacé mais qui se rattrapait, à celui qui prend réellement conscience que c’est fini, qu’il n’y a plus d’avenir, tout sur sa gueule montre l’état d’esprit, c’est fascinant. Parallèlement les dernières discussions m’ont aussi plus plu, en fait il y a aussi ce côté nostalgique, quand tout est fini, que l’on avance en regardant par derrière, Yanne qui y croit mollement encore pour le « au cas où », un coup, j’ai bien aimé, enfin j’ai ressenti vraiment le côté « tragique » du film alors que pendant malheureusement trop longtemps il m’a laissé dans une réelle indifférence.
Vu il y a plusieurs semaines maintenant, mais le fameux monologue de Yanne dans la voiture me hante. Cela ne modifie malheureusement pas ma vision sur le reste du film, mais voilà ce monologue d'une cruauté incroyable m'apparaît fabuleux.