Tout le monde le sait, l’été est synonyme de blockbusters, et il faut bien dire qu’hormis Inception nous n’avions pas eu grand chose de particulièrement intellectuel à se mettre sous la dent. Pour combler ce manque il faut plutôt regarder du côté des sorties DVD, et c’est avec une certaine curiosité que je me suis attardé sur La Famille Wolberg. Tout d’abord car l’acteur principal est François Damiens et j’avais hâte de le voir interpréter un rôle à contre-emploi, loin de ses pitreries habituelles. Ensuite je voues un intérêt particulier aux chroniques de familles juives, sujet m’intéressant de par le côté mystérieux de ces familles, calmes, secrètes et jamais médiatisées (pour les amateurs, A Serious Man est également une référence du genre). Rajoutons à cela la présence de Valérie Benguigui, actrice de talent, et vous tenez probablement la chronique juive de l’année.
La famille Wolberg est une petite famille tranquille, en apparence. Simon (François Damiens), le père, est un père de famille aimant, mais tout semble lui échapper, sa femme, Marianne (Valérie Benguigui), qui le trompe, sa fille, Delphine (Leopoldine Serre), qui va devenir majeure et partir pour l’Angleterre, ainsi que son jeune fils, Benjamin (Valentin Vigourt), qui s’y perd et devient solitaire. Simon est également un Maire dévoué à sa petite bourgade béarnaise, mais aussi un amoureux de soul américaine, un homme qui ne sait pas dire à son père qu’il l’aime et un fils fidèle à la mémoire de sa mère, venant par tradition trinquer sur sa tombe à chacun de ses anniversaires. Toutefois Simon a un problème, il est mourant, et se remettant en question, tout en le cachant à sa famille, il fera tout ce qu’il peut pour leur montrer à quel point il les aime et les accompagner tant qu’il le peut encore.
Premier film d’Axelle Ropert, ancienne journaliste, il est indéniable qu’elle signe là une première grande réussite dans le cinéma d’auteur.
Hiver pluvieux, terne et triste, le décor donne l’impression d’être un purgatoire, illustrant le passage entre la vie et la mort de Simon et renforçant le côté mélancolique de l’oeuvre. La réalisatrice crée également un microcosme intéressant, évitant la profusion de personnages secondaires inutiles comme avait pu le faire La Famille Tenenbaum, et qui en alourdissait inutilement l’histoire.
On regrettera malgré tout des interprétations hasardeuses de la part des enfants, Valentin Vigourt récitant son texte comme une punition, et Leopoldine Serre oscillant entre le jeu « bébé » et le jeu « pseudo-femme » la clope au bec, éléments qui auront tendance à énerver, venant plomber les ailes d’un film pourtant irréprochable.
Autre chose, et probablement le pire, aura été la distribution du film, étant vendu comme étant une comédie, synopsis et bande-annonce nous faisant croire faussement à une comédie familiale, alors qu’il n’en est rien. Ces mensonges auront également attiré le mauvais public, à savoir des personnes friandes de comédies, qui évidemment, déçues de se retrouver devant de l’art et essai se sont joyeusement amusées à démonter le film.
Evitant le côté moralisateur à l’américaine, de même que les longueurs inutiles, le film ne durant qu’1h20, La famille Wolberg est une famille que vous adopterez avec plaisir, si tenté que vous soyez prêts à vous laisser charmer par le duo émouvant Damiens/Benguigui.
Mention spéciale pour le beau-frère fouteur de merde, qui malgré ses belles paroles d’ex soixante-huitard tiendra une des meilleures répliques du film « le plus amusant n’est pas d’être d’un côté ou de l’autre mais de passer d’un côté à l’autre ».