Pape du dessin animé indépendant américain, Bill Plympton revient en douceur avec une fable philosophique sur le Bien et le Mal, les anges et les diables. Citant "La Métamorphose" de Kafka parmi ses références, l'auteur conte l'histoire d'un idiot devenant, un matin, un homme dont les ailes ont poussées dans le dos. Le rustre se sentant un autre, il va apprendre à aimer, à respecter, à être différent. Loin de là l'idée de Plympton de faire de ce sujet un mix fourre-tout et manichéen sur le droit à la différence et la beauté des gens : à la fois pessimiste dans sa vision grinçante du quotidien humain, et optimiste pour une fois dans une représentation sacrée et pure de l'homme, le cinéaste permet à son scénario de fonctionner simplement parce qu'il manie à merveille l'humour trash, cartoonesque, aux effets délirants et à l'architecture des formes brillantes. Les traits, couleur charbon et pollution, font exister les personnages par leur singularité et leur finition brouillonne. Ceux-ci sont traités comme de simples abrutis, âmes humaines en perdition dans la bêtise qui règne sur le Monde, gouvernés par le sexe facile, la soif de pouvoir et le confort absolu, oubliant respect et altruisme au travers des traditions beauf bien plus importantes. Pourtant Bill Plympton éteint un peu son hystérie gore et sexuelle pour exercer l'art de la satire humaine avec une réelle maîtrise. "Des idiots et des anges" en devient alors certainement son film le plus doux, le plus inaccessible aussi, finalement, car il contient en lui une réflexion et une sagesse qui font échapper le matériau et le crayonnage à tout divertissement ; il faut plutôt voir le film comme une analyse du comportement, les possibles opérations humaines vers le bonheur, aspect qui tire du genre fantastique une forme d'espoir intérieur pour l'homme. Les penchants bibliques du personnage, après avoir été un idiot insupportable et odieux, offrent une deuxième vie qui reflète en face les failles de l'homme, une version