"Partir" fait partie de ces films prodigieux. Prodigieux parce qu'ils n'apportent rien de neuf, au contraire, comme certains films qui s'évertuent à mettre en scène la même chose pour la énième fois et qui pourtant, subjuguent de beauté. Prodigieux parce qu'il suffit, comme c'est le cas ici, d'une troupe d'acteurs pour que tout prenne son sens. Pas plus. Catherine Corsini, dont la sensibilité n'est pas à démontrer, s'immisce dans l'effroyable intimité d'un couple aisé qui se dirige vers le naufrage et dans celle, parallèlement, d'une nouvelle vie qui s'offre à la femme dans les bras d'un ouvrier espagnol. Le film se borne à une seule logique ; la distance, qu'elle soit sociale ou géographique, sentimentale ou morale. Autrement, le film ne se contente que de révéler les infimes fissures qui, peu à peu, tournent au drame. La mise en scène passe inaperçue et, dans le choix de tout filmer de près, sur le vif, Corsini nous invite dans l'écran. C'est à la limite si l'on peut toucher le sourire grâcieux de Kristin Scott Thomas, le regard maladif d'Yvan Attal, le corps imposant de Sergi Lopez. C'est cette proximité qui rend l'oeuvre vibrante, comme si à chaque moment où le sentiment est saisi, les visages allaient exploser d'amour ou de haine. La réalisation se montre ainsi intense, avide de posséder les corps de ses amants ivres de bonheur. Il y a quelquechose d'absolu dans "Partir", pas tant du côté de ce que la cinéaste nous montre que de la façon dont les acteurs nous le transmette (Kristin Scott Thomas et Yvan Attal sont bouleversants). Il en ressort une fusion totale, destructrice, qui embrase le regard et nous transperce de ce même désir vital. Il y a bien quelques grosses erreurs à déceler (montrer le corps défunt de la victime de ce drame passionnel était-il nécessaire?), et parfois une maladroite tentative d'atteindre l'émotion à tout prix là où elle n'a qu'à surgir d'elle-même derrière les étreintes acharnées - d'autant plus belles qu'elles sont fugaces - mais "P