Quoiqu’on en dise, ce film mérite d’être vu.
Il est perturbant pour le spectateur, il est violent visuellement (même un peu trop, parfois), et on peut penser qu’il y a un «trop-plein» de scènes sexuelles et humiliantes. A la fin, on a compris l’horreur de la situation du personnage, on voudrait que ces scènes s’arrêtent, puisque de toute façon, elles ne nous apporteront rien de plus. La répétition du spectacle de Saartje Baartman (la Venus Noire) peut lasser : on la voit plusieurs fois faire la même représentation au début du film. Mais au delà de ça, «la Venus Noire» réussit à nous interroger, nous, spectateurs, sur le comportement que nous aurions eu face à Saartje. Le réalisateur nous met à la place de ceux venus observer la Venus. Il est très difficile en effet de s’identifier à celle-ci, tout simplement parce qu’elle est «faite» différemment, qu’elle vit des choses que nous ne vivrons pas. Nous ne pouvons pas non plus nous mettre à la place des méchants (je pense principalement au scientifique avec sa théorie des races inférieures et mal-développées, et aux deux hommes qui travailleront avec Saartje), tant leur cruauté nous semble démesurée. Nous sommes donc les spectateurs et cela peut mettre mal à l’aise : comme si nous prenions part au supplice de cette jeune femme, condamnés à regarder tout ce qu’elle endure. Certains ont dit que le réalisateur nous «culpabilisait» en nous montrant tout, comme s’il nous disait «regardez ce qu’on serait capables de faire, regardez, tous ces gens qui la touchent, qui l’observent avidement et qui rient... ce sont des humains comme vous, pourtant.» C’est peut-être moi qui n’arrive pas à ressentir ça (et c’est possible :D), mais je ne comprends pas vraiment ce discours: comment pourrait-il nous culpabiliser, alors que les faits se sont produits au début du 19ème siècle? Je pense qu’il essaie juste de nous remettre en question : de nous faire réfléchir sur le comportement qu’on aurait eu face à cette femme (car je pense qu’on est obligés de se le demander). Mais ce n’est pas de la culpabilisation, c’est une façon de nous aider à réfléchir sur nous-mêmes, sur le comportement qu’on a parfois face à ce qui nous semble trop différent. «La Venus Noire» est donc un film perturbant, que je conseille d’aller voir parce qu’il raconte une histoire vraie (: même si certains faits sont omis, transformés ou mal expliqués, ça reste apparemment assez proche de la réalité), et qu’il ne vous laissera sans doute pas indifférent. La vie de Saartje mérite d’être connue.