Durant la projection du film, il m'est arrivé de retenir ma respiration, sans que je m'en rende compte. Eva Ionesco a eu le don de mettre mal à l'aise, certaines scènes sont très dérangeantes mais, n'est-ce tout de même pas sa véritable histoire ? Une innocence bafouée, gâchée, voilà ce que je retiens. Ce film est beau, touchant, émouvant par son réalisme, la beauté des images tournées, des paysages, de l'ambiance, des costumes... Dérangeant par son ambiguïté constante des relations (quasi incestueuses en fait) entre la mère et la fille, la mère est-elle consciente de ce qu'elle fait à son enfant qui ne demande qu'à être aimée par elle, à attirer son attention, à être auprès d'elle (quitte à se mêler à son monde rempli de paillettes et de jeu d'apparences) ? Aime-t-elle réellement sa fille pour ce qu'elle est, et pas uniquement pour l'image que cette dernière peut envoyer ? Partagée entre le dégoût et l'émerveillement, dû aux jeu d'acteurs tout aussi talentueux les uns que les autres. Mention spéciale pour la BO, qui enveloppe parfaitement les scènes (surtout celle intitulée "La fugue", où je suis restée accrochée au siège tellement elle était bouleversante). Il nous permet également de s'interroger sur une question qui trouverait rapidement sa réponse, je pense, en voyant ce film : quelles sont les limites de l'art ? Si art il y a, bien sûr... Je rajouterais le talent prometteur de la jeune Anamaria Vartolomei, qui à l'écran m'a bouleversée en incarnant une Violetta enfant banale et solitaire mais non moins profonde qui idolâtre sa mère, puis une Violetta qui se perd dans le monde des adultes, désillusionnée, d'abord confiante puis qui perd son identité enfantine et se révolte contre sa propre image. Pour finir, la scène finale est juste parfaite.