La richissime créatrice de mode agnès b. ("b." pour "Bourgois" - elle fut l'épouse de l'éditeur Christian Bourgois, entre ses 17 et 20 ans, le temps d'engendrer 2 enfants - et le tout en minuscules pour faire genre) sort son premier "long", à plus de 70 ans... (qu'elle a coécrit) sous son identité réelle d'Agnès Troublé (mais - on ne se refait pas.... en signalant au générique que l'on a affaire à quelqu'une de connu sous tel alias). La 341e fortune française a choisi de mettre en scène une histoire sordide, pour famille en grande difficulté financière, sociale et culturelle, à 2 doigts du quart-monde. Milieu et type de récit très à la mode dans l'intelligentsia - hmmm.... Céline Mercier, une prépubère de 11 ans aînée d'une fratrie de 3, a bien du malheur, surtout côté attentions rapprochées de son chômeur de père. Un opportun voyage scolaire lui permet de quitter le Loiret, d'aller pour la première fois de sa vie au bord de la mer (dans les Landes). Solitaire (elle ne parle volontiers qu'à sa vieille Barbie, qu'elle ne quitte jamais), elle s'écarte de sa classe et monte dans un camion britannique, dont le chauffeur est allé se dégourdir les jambes (le laissant opportunément ouvert - avec une couchette où la gamine s'endort). Commence alors un "road movie" bizarroïde de 4 jours, de Montalivet à Royan (à toutes petites étapes donc, à bord de ce poids-lourd, avec conduite à gauche..). Ce détail est loin d'être le plus curieux ! Disons-le tout net - rien n'est vraisemblable, rien n'est cohérent (le pire étant le pourquoi de la réaction étrange du chauffeur, ne se précipitant pas dans la première gendarmerie, mais acceptant placidement l'intrusion de la fillette dans son univers - question réglée d'emblée grâce à une photo, et une légèreté éléphantesque).
La cinéaste improvisée a opté pour une franche esthétique du moche (prises de vues et cadre composites... à découvrir... aux risques et périls du spectateur) et un récit substituant la juxtaposition erratique au montage attendu de n'importe quel film. C'est bien sûr très long (2 heures - filandreuses, puis carrément insupportables d'ambition "auteuriste", piétinant dans l'ennui). La gamine (Céline/Hmmm), sa mère (personnage chlorotique joué par Sylvie Testud), la plupart des petits rôles : tout ce petit monde joue extrêmement faux (voulu ?). On peut sauver le père (Jacques Bonnaffé), qui rayonne de veulerie avec naturel, et Douglas Gordon (le chauffeur écossais,"Peter Ellis"), qui arrive, lui, à susciter l'empathie.
Film très dispensable, assurément. Vain, prétentieux, ridicule.