Alors que Kim Chapiron revient pour une troisième fois dans les salles en ce mois d’avril 2014, retour sur son film précédent, Dog Pound. Le cinéaste francophone dresse alors le portrait glaçant d’une toute petite bande de jeunes enfermés dans les allées d’un centre pour détenus mineurs, en plein état du Montana, Etats-Unis. Foncièrement très différent de son premier long métrage, Sheitan, ce second exercice démontre un réel attachement aux dérives de la jeunesse chez le réalisateur, attachement confirmé une fois encore par La crème de la crème. Bref, ici, place à la violence juvénile, à la dérive d’un groupe de jeunes délinquants mis à mal soit par la discipline de l’établissement soit par la cruauté des codétenus de celui-ci. L’on suit ici principalement trois protagonistes, chacun très différent de son prochain mais pourtant embarqué dans une même spirale de violence, de déni.
L’on pourra dès lors, dès la fin des hostilités, dresse un bilan très pessimiste en regard à la morale du film. Oui, Kim Chapiron semble vouloir affirmer que la violence n’amène rien si ce n’est la mort. Alors que le réalisateur fait poindre l’espoir, de-ci de-là durant son film, il n’empêche que tout est écrit par le sang, les poings et la vengeance. Quel avenir pourrait être offert à cette jeunesse là, incapable de s’intégrer, incpable d’obéissance si ce n’est à leurs propres lignes de conduite? Difficile à dire. Voilà sans doute la force première de Dog Pound, respectivement la fourrière, sa réelle motivation à démontrer que le monde tourne dans un sens et certaines personnes dans l’autre. A ce titre, les personnages qui composent le casting sont presque tous très justes, très fidèles à l’image que le public pourrait se faire d’une telle marginalité, d’un tel obstacle à franchir pour une jeunesse anonyme qui partage finalement les mêmes maux que celles que l’on peut côtoyer.
Filmé tel un récit documentaire, Dog Pound ne se permet jamais le mélodrame évasif, ne se complait jamais à faire de ses personnages des martyrs, simplement à rester très humain, très sincère. Alors que certains n’y verront qu’un pamphlet en faveur de l’importance d’une meilleure éduction, d’autres y verront une réelle prise de position d’un cinéaste qui n’a aucune crainte de choquer, de faire de la violence le moteur de son film tout comme l’élément qu’il dénonce, habilement qui plus est. Rien n’aura de solution dans la baston, la vengeance ou l’humiliation. Que l’on se le tienne pour dit.
Alors que Chapiron n’était pas encore connu Outre-Atlantique, notons que son deuxième film aura été sélectionné au Festival Tribeca et que dans l’ensemble, aura fait le bonheur des festivaliers. S’il n’est jamais réellement trépident, s’il manque parfois de profondeur, Dog Pound s’avère être un petit électrochoc très intéressant à suivre, une certaine forme de cousin germain du Hunger de Steve McQueen, la douleur en moins. Bon film, peu divertissent, mais bon film tout de même. 15/20