Après l' imbuvable « Sheitan « on ne peut que saluer la progression de Kim Chapiron pour ce deuxième long métrage . Tendu à l' extrême , Dog Pound décrit l' univers d' une prison pour adolescents au travers de 3 jeunes détenus : Angel 15 ans , David 16 ans et Butch 17 ans . Rapport de force incessant aussi bien entre détenus qu' avec leurs gardiens , atmosphère taiseuse et montées de violence où le désespoir n' est jamais loin constituent l ' essentiel du quotidien de cette « fourrière « Quelques moments d' accalmies et de complicités viennent adoucir ce quotidien glauque , les jeunes gens y laissent alors percevoir un instant leurs fêlures habituellement camouflés sous la carapace qu' ils se sont forgés . Chapiron nous présente donc un univers carcéral type en reprenant tout les codes et toutes les scènes « obligées » du genre . Son attitude est donc aux antipodes de son premier film . Avec « Sheitan » , le trublion du collectif « kourtrajme » voulait faire un film original , complètement barré qui ne ressemble à rien . Le résultat fut catastrophique . Ici à l' inverse , il reprend un genre abondant , aussi bien au ciné qu' en littérature : l' univers carcéral , et préfère essayer modestement de le maitriser ,en premier lieu , plutôt que d' innover . Il déroule son intrigue en reprenant tout les codes du genre et s' attache déjà à le faire bien ! Le coté décalé ,barré , chien fou du cinéma et même l' innovation en général , on verra plus tard quand l' expérience et la maturité auront fait leurs oeuvres . Choix judicieux . Avec Dog Pound , sa sobriété et sa modeste entreprise de se fondre simplement dans un genre avec les honneurs , Kim Chapiron prend un nouveau départ et cette fois ci dans le bon sens . Sa réalisation sereine et particulièrement efficace lors des éruptions de violences tranche avec la réalisation excitée , pleine de tics et complètement toc de Sheitan . Autant de raison de se réjouir ferait presque oublier que le film est loin d' être parfait . Le principal défaut du film est l' inégalité de traitement entre les 3 personnages . Angel est sous exploité , il est même quasiment transparent jusqu 'à sa mort . Il est laissé telle une coquille vide , Chapiron n' a aucun enjeu pour lui , et ce n' est pas la petite scène furtive du parloir avec son père qui lui donne une quelconque substance . S 'il n' apparaissait pas ou n' était qu' un figurant , le film s' en porterait aussi bien du moins jusqu' à sa mort causée involontairement par un gardien ; point de départ de la cassure du fragile équilibre carcérale aboutissant à l' explosion aussi rageuse que désespérée des détenus. Dès lors on comprend . Chapiron avait besoin d' un personnage , plutôt d' allure sympathique ( c 'est la cas du petit Angel ) , à faire tuer pour amorcer sa fin volcanique . Mais jusque là , il n' a pas su quoi foutre de son perso . Regrettable ! Quand on fonde un rôle , surtout principal , on ne peut se contenter de sa fonction dans le récit , de son rôle déclencheur qui fait évoluer , basculer ou chuter l' intrigue . Non , il faut aussi donner du coffre à l' individu . Chapiron en donne d' ailleurs au reste de sa jeune meute en essayant de retranscrire l' univers , le comportement et les codes des jeunes . C 'est particulièrement réussi pour la scène où David raconte son fantasme aux autres . La description de celui ci avec la mère mature à la grosse poitrine représente parfaitement l' univers fantasmatique des jeunes garçons , pleins de testostérone ,
nourrit aux pornos et aux poupées en 3D de leurs jeux vidéos , sans oublier bien sur l' aspect maternel . En revanche Chapiron en fait parfois trop notamment au niveau des dialogues avec des « putains « ou des « ma gueule « à toutes les phrases qui en deviennent caricaturales . Enfin le dernier quart d' heure est très réussi , on ressent parfaitement la colère montée crescendo jusqu' à son éruption à la cantine dans une scène d' une tension incroyable . Mais la fin est beaucoup trop abrupte . Dog Pound s 'impose comme une bonne série b bien troussé s' installant confortablement parmi les honorables représentant du genre carcéral sans toutefois égaler ses plus éminents porte drapeau . Et l' on sort de ce film rassuré sur le potentiel et l' avenir de Mister Kim.