La Maman et la Putain
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77 critiques spectateurs

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anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 15 juin 2022
Un film d’anthologie, exceptionnel, sans doute l’un des plus grands films français de tous les temps.
En littérature, il y a « Le Voyage... » de Céline, ce chef d’œuvre inclassable. « La Maman et la Putain » de Jean Eustache est son digne pendant cinématographique. Et la référence à la littérature s’impose tant les dialogues et les monologues sont superbement écrits. Ils sont moins joués que récités dans une scansion qui touche parfois au sublime, avec lyrisme et émotion mais sans le moindre pathos. La diction particulière de Léaud nous surprend dans les premières scènes, puis on l’intègre pour ne plus faire attention qu’aux mots, ceux qu’Eustache a écrits avec le plus grand soin et sur lesquels les acteurs n’ont aucune prise. Ces mots tombent alors comme des vérités, même s’ils sont parfois crus, comme dans « le monologue » final de Veronika (la putain, Françoise Lebrun), celui étudié dans les écoles de cinéma. La mise en scène est minimaliste et épurée, champs-contrechamps et plans fixes. La force du verbe suffit à produire l’émotion, de manière si intense.

Le sujet central du film, le rapport amoureux, se matérialise au sein d’un triangle cruel (Alexandre et ses deux amoureuses, la vieille « maman » et la jeune « putain »), dans ses rapports asymétriques versatiles, faits d'attrait et de haine, de sexe et de tendresse, d’espoir et de désespérance. Dans bien des dialogues, l’humour et la dérision apportent une respiration salutaire. Alexandre est un menteur, un manipulateur en même temps qu’un être totalement dépassé par sa propre faiblesse. Il n’a d’autre ambition que de séduire et de "baiser", buts pourtant tellement dérisoires comme le lui crie Véronika dans son long monologue final. Le film d’Eustache est audacieux, exigeant (3h40) et surtout terriblement moderne, un demi-siècle après sa sortie ! Françoise Lebrun est étonnante de vérité, de sensibilité et de force douce. Bernadette Lafont est tout aussi excellente, belle et sensuelle, parfois émouvante dans un scénario qui ne lui offre pas vraiment le beau rôle. Jean-Pierre Léaud, sur lequel je suis habituellement réservé, tire ici parfaitement son épingle du jeu et se révèle très convaincant. Que dire d’Eustache ? Après un chef d’œuvre aussi absolu, que pouvait-il faire d’autre…

Pour cette reprise, la salle de projection était pleine, une centaine de spectateurs, tous présents jusqu’à la fin. La qualité du silence, et aussi celle des rires, appartiennent sans doute encore à ce grand Monsieur.
Sabine
Sabine

10 abonnés 118 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 25 juin 2022
Je n'avais encore jamais vu ce film et si je peux comprendre qu'à sa sortie, dans le contexte de l'époque, il est marqué les esprits, je n'ai pas été emballée, peut-être parce que je ne le découvre qu'en 2022. Je pense qu'un film comme "Les Olympiades" dont la thématique me semble assez proche est beaucoup plus intéressant, sûrement parce que plus actuel et moins rhétorique... Mais je ne me suis pas ennuyée malgré sa durée (presque 4h) parce qu'il montre beaucoup de choses de cette époque. J'ai toutefois trouvé le film très inégal. Il y a des scènes que j'ai aimé et d'autres beaucoup moins, comme par exemple, le (trop) long monologue final de Françoise Lebrun. Ce qui m'a le plus dérangé est que je n'ai trouvé ni le personnage d'Alexandre, ni celui de Véronika vraiment intéressants et j'ai eu du mal à m'identifier à eux, contrairement à celui de Marie (merveilleuse Bernadette Lafond !) que j'aurai aimé voir plus développé... Et le film fait des relations humaines, sexuelles et amoureuses un tableau terriblement désespérant.
S L
S L

3 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 10 juin 2022
Malgré un dénouement un poil longuet, ce film est pour moi un chef d'œuvre ! La beauté et l'authenticité des personnages est émouvante. Malgré l'année précoce de parution, ce film est la définition même de la liberté de la femme et de son égalité avec l'homme. De la pilosité axillaire à la liberté du discours et des pratiques sexuelles, tout y est. Un film qui nous inspire et qui constitue un exemple encore 50 ans plus tard.
velocio
velocio

1 371 abonnés 3 207 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 9 juin 2022
Hallelujah ! Un des plus grands films du cinéma français, quasiment invisible dans de bonnes conditions depuis des années, fait son retour sur grand écran, qui plus est dans une copie restaurée 4K par Les films du Losange qui met particulièrement en valeur les contrastes et la lumière du magnifique Noir et blanc du Directeur de la photographie Pierre Lhomme. Ce film, c’est "La maman et la putain", le chef d’œuvre de Jean Eustache, un film tourné entre mai et juillet 1972 et qui fit scandale lors du Festival de Cannes 1973, tout en y remportant Grand Prix du Jury et le prix de la Fédération de la presse cinématographique internationale. Cette version restaurée a permis le retour de ce film au Festival de Cannes le 17 mai dernier, dans le cadre de la sélection Cannes Classic, avec une projection dans la salle Debussy du palais des Festivals qui s’est terminée par une « standing ovation » de 10 minutes saluant ET le film ET la présence physique de Françoise Lebrun et de Jean-Pierre Léaud. Scandale en 1973, ovation en 2022 !

Si il parait difficile de ne pas comprendre les raisons de l’ovation en 2022, on peut s’interroger sur les raisons qui ont poussé une partie des spectateurs à siffler ce film il y a 49 ans. L’explication la plus plausible réside dans le rejet par certains festivaliers du langage souvent très cru utilisé par les protagonistes du film. Passons ! Une autre explication est tout aussi évidente : le fait, tout bête, pour de nombreux spectateurs de 1973 de ne rien avoir compris au film, d’y avoir vu une œuvre immorale avec une apologie de l’amour libre post 68 et un éloge du trouple (un mot qui n’existait pas à l’époque et qui désigne une relation amoureuse à trois, ici Marie, la maman, Alexandre et Veronika, la putain). Rien compris au film ! En réalité, "La maman et la putai"n est, tout au contraire, un film particulièrement moral. En effet, si on entend Veronika dire qu’elle peut coucher avec n’importe quel homme, ce qu’elle ne se prive pas de faire, si elle ajoute « Pourquoi les femmes n’auraient-elles pas le droit de dire qu’elles ont envie de baiser avec un type ? », le plan séquence, magnifique, émouvant, où en larmes, elle prend le contre-pied de tout ce qu’elle avait affirmé (et pratiqué) auparavant en déclarant qu’on ne devrait « baiser » qu’avec les personnes qu’on aime d’amour et, pourquoi pas, en espérant, en tant que femme, tomber enceinte, permet, au minimum, de se demander dans quel discours de Veronika Jean Eustache se reconnaissait le plus !
traversay1
traversay1

3 805 abonnés 4 926 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 21 mai 2022
Il ne faut pas avoir peur de La maman et la putain, film culte du cinéma français, lequel n'en compte pas tellement à son actif, en définitive. Ne pas craindre ses 220 minutes qui s'avalent sans effort ou presque, en dépit du jeu déclamatoire de Léaud, qui participe de ce personnage de dandy a priori égocentré, oisif et pédant. Le film parle des sentiments amoureux, thème universel, dans une époque précise, post-soixante-huitarde, où la liberté de jouir sans entraves semble avoir atteint ses limites philosophiques, morales et ... pratiques. La maman et la putain est une œuvre intimiste monstrueuse, agaçante par ses partis pris, son côté on ne peut plus parisien (des Deux magots au Flore) et ses références multiples (Proust, Murnau, Bresson ...) mais en même temps si fascinante par sa densité et ses vibrations épidermiques. Le film s'adresserait alors plutôt à un admirateur du cinéma de Jean-Luc Godard qu'à celui de John Ford ? Ce n'est pas obligatoire parce que sa perception est de l'ordre du sensoriel et peu importe que l'on soit ébaubi par l'abondance de dialogues qui sont d'ailleurs parfois des monologues, visiblement écrits à la virgule près par Jean Eustache, cet artiste maudit, suicidé à 42 ans. Il y a de la crudité dans les mots de La maman et la putain, surtout dans les dernières scènes où la parole de Françoise Lebrun, formidable soit dit en passant, prend le pouvoir sur celle de Léaud, mais il y aussi de l'humour, y compris dans des scènes dramatiques, et pas tant de provocation que cela, nettement moins en tous cas que dans le contemporain La grande bouffe. Et puis, comment ne pas louer, une fois encore, le talent de la merveilleuse Bernadette Lafont ?
Jeune Ras
Jeune Ras

9 abonnés 469 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 8 mars 2022
Magnifique. Un des derniers grands films de la nouvelle vague. Les acteurs sont impeccables. La sociologie des relations hommes-femmes et du développement de la société dans les années 70 est parfaitement montrée et très justement filmée.
serao
serao

3 critiques Suivre son activité

1,0
Publiée le 14 février 2022
Des gestes faux, des dialogues insupportables mal joués, avec un accent exagéré. J'aime pas du tout ce film.
Alain M
Alain M

8 abonnés 19 critiques Suivre son activité

0,5
Publiée le 16 décembre 2019
Pour l'acteur et dramaturge Philippe Person, la Nouvelle Vague est essentiellement un concept publicitaire sans cohérence esthétique. Il dénonce un cinéma « qui privilégie jusqu’au paradoxe l'inexpérience professionnelle et le narcissisme autobiographique comme gages d'authenticité artistique »Selon le point de vue tranchant de l'écrivain et scénariste Jacques Lourcelles la seule originalité majeure et incontestable des cinéastes de la Nouvelle Vague, c'est que personne, avant eux, n'avait osé dire autant de bien de soi et autant de mal des autres
karpathakis y
karpathakis y

28 abonnés 633 critiques Suivre son activité

0,5
Publiée le 17 novembre 2019
Je ferai confiance aux critiques des deux autres internautes, bien que j'ai voulu voir ce film dû à la réputation.de chef-d'oeuvre qui lui colle, et cela car j'adore Bernadette Lafont. Ayant malgré des difficultés réussi à voir une bande-annonce de ce film, je préfère garder un souvenir de cette grande actrice en Paulette plutôt qu'en Marie, question de convictions, de gouts personnels. Peut-être un chef-d'oeuvre mais pas pour moi...
Mathias Le Quiliec
Mathias Le Quiliec

70 abonnés 378 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 11 juillet 2018
ALALA comment synthétiser un film de la nouvelle vague d'une durée de 3h30 et qui nous marques dès son premier visionnage le mois dernier soit 45 ans après sa sortie ? Impossible, il faudrait pondre un sacré pavé, heureusement d'autres le font merveilleusement bien sur ce site. Là comme ça au premier visionnage je dirai que ce qui marque vraiment c'est la manière de filmer, les plans (nouvelle vague style) et ce noir et blanc quasiment gris-sépia rendant ce film exceptionnellement beau et très mélancolique (les personnages aidant). Ensuite une fois ce contexte posé, on ajoute tout de suite Jean Pierre Léaud en roue libre dans les cafés parisiens, ça aurait du être surjoué et désagréable (défaut de la nouvelle vague), or c'est l'effet inverse qui se produit, on boit chacune de ses paroles comme s'il s'agissait de notre propre vie. Très longtemps j'ai snobé ce film pensant que c'était lui qui nous snobai (la durée, l'époque et surtout son titre !). J'aime pourtant ce que représente la nouvelle vague même s'il y a a boire et a manger, la même année on peut vomir sur "Ma nuit chez Maud" ou " Pierrot le fou" mais exulter sur "Ascenseur pour l'échafaud " ou "Un homme et une femme". C'est donc ce bon vieux Philippe Katerine qui m'a forcé la main avec l'explication de sa scène préféré du film, une scène aussi belle qu'intéressante piquant ma curiosité. Jean Pierre Léaud en lévitation donc, dés qu'il l'ouvre la bouche c'est pour envoyer des fleurs, sa relation avec Bernadette Lafont surprend et amuse au début. Une de mes scènes préféré et quand il explique a Francoise Lebrun qu'il est passionné par un homme de radio ayant le même timbre de voix sans aucune irrégularité, prononçant toujours avec le même débit une phrase lors du début ou la fin de son émission. On fait tous un jour une fixation sur un truc comme ça, sauf que pour Jean Pierre Léaud ça n'a rien de banal, tout ou presque est exceptionnel, il faut juste savoir en jouir. Là j'ai résumé que très peu, chacun aura peut être son personnage, sa réplique et sa scène préféré tant il n'y a rien a jeter et tout a garder. Cela dure 3h30 ça passe ou ça casse, si vous vous ennuyez au bout d'une heure ce n'est pas la peine de vous forcer, ce film n'est clairement pas pour vous. Même s'il parait très accessible, la maman et la putain par ses dialogues et l'époque qu'il retranscrit, me semble être un film d'adulte. Une certaine maturité semble nécessaire pour l'apprécier pleinement, ce qui ne serait pas le cas pour des films comme "Les 400 coups" ou d'autres Truffaut par exemple. Ensuite il y a cette "interminable" scène finale, avec un monologue touchant de Francoise Lebrun accompagné de prises de vues et d'autres bonnes idées de Jean Eustache ajoutant la cerise au gâteau. Je suis soulagé de l'avoir enfin vu mais surtout de pouvoir dire que je l'ai adoré. on va pas se mentir, ça manque cruellement d'action, et même si ce n'est pas le but recherché, sur 3h30 de film un peu de sang ou quelques coupages du scénario aurait validé la demi étoile manquante à ma note pour atteindre le statut de chef d'oeuvre. Pour de nombreux critiques il s'agit d'un chef d'oeuvre, j'y adhère en précisant qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre de "la nouvelle vague", le film testament, le chef d'oeuvre d'une génération, d'une époque. Une petite hiérarchie de la nouvelle vague française s'impose après ça ... Voici mon TOP

1 - La maman et la putain 2 - Au hasard balthazrd
3 - Hiroshima mon amour 4 - Le Trou
5 - Les 400 coups 6 - A bout de souffle
7 - Le Feu Follet 8 - Un homme et une femme
9 - Ascenseur pour l'échafaud 10 - Cléo de 5 à 7
Attigus R. Rosh
Attigus R. Rosh

216 abonnés 2 555 critiques Suivre son activité

0,5
Publiée le 1 mai 2018
Typiquement le genre de film qui m'exaspère et je ne comprends toujours pas pourquoi un film aussi vide soit porté aux nues.
Le jeu d'acteur est absolument consternant : à croire que les acteurs font exprès de jouer de façon monotone. Jean-Pierre Léaud est affligeant, son jeu d'acteur d'acteur se limite à la lecture du prompteur. Il n'y a aucune passion entre les personnages (ils se regardent comme ils regarderaient un champs de navet).
Les dialogues n'ont aucun naturel, en plus d'être complètement ineptes.
Le personnage principal est à gifler, il passe le film à geindre.
C'est un film pseudo-intellectuel. Derrière une apparence très cultivée, c'est du vide complet. Mais le film nous fait un tour de passe-passe en faisant des références culturelles pour que les spectateurs se sentent cultivés lorsqu'ils comprennent la référence. Jean Eustache ne fait qu'étaler sa culture sur 200 minutes. Le film se veut aussi pseudo-provocateur via le titre ou le livre de l'ami du personnage principal sur les nazis.
Et en plus, le film dure trois heures trente (d'ennui mortel). Bref, vraiment un film qu'il est de bon ton d'aimer alors que c'est un film nul.
Acidus
Acidus

767 abonnés 3 757 critiques Suivre son activité

1,5
Publiée le 28 mai 2017
Il existe toujours des classiques dont on reste fortement hermétique et dont il est compliqué de comprendre l'engouement qu'ils sucitent. "La Maman et la Putain" fait partie de cette catégorie. Son réalisateur, Jean Eustache, a beaucoup fréquenté les Cahiers du cinéma et les cinéastes de la Nouvelle vague. C'est d'ailleurs bien de ce mouvement cinématographique qui imprègne ce long métrage. J'y retrouve donc tout ce que je n'aime pas chez des Godard, Resnais et autres Varda avec en premier lieu cette prétention de secouer le "cinéma de papa" pour finalement tomber dans une masturbation intellectuelle, dans un snobisme gonflant. Je ne remet pas en cause l'impact qu'ont pu provoqué ces oeuvres mais le mouvement, relativement vite essoufflé, me parait suranné aujourd'hui. Arrivé après la bataille, Jean Eustache reprend donc, pour mon plus grand malheur, les codes de la Nouvelle vague en nous pondant un film de près de 3h30 !!!!!!!!!! Quelle torture nous inflige-t-il là ? Durant toute cette durée, le cinéaste nous raconte l'histoire compliquée d'un triangle amoureux avec au centre Alexandre, alter-ego de Jean Eustache lui-même, nous déballant tout le long ses états d'âme et réflexions sur l'amour et autres sujets. Les films bavards ne me font pas peur mais encore faut-il qu'ils soient bien faits. Au lieu de cela, on se tape des acteurs qui récitent platement leur texte, sans émotion ni conviction. Les échanges eux-mêmes sont d'une banalité enrobée de pédantisme et d'un certain parisianisme. Pour éviter la mauvaise foi, j'admets que certains dialogues et quelques répliques m'ont séduis mais bien trop peu en comparaison de cet amas de logorrhées. Du coup, l'ennui a dominé, secoué par de trop rares pointes d'intérêt.
JimBo Lebowski
JimBo Lebowski

411 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 9 septembre 2016
Un peu le reflet de la petite bourgeoisie réactionnaire égocentrée, sensible mais intellectualisé, radical mais un brin obsolète, un film qui tient debout grâce à ses personnages d’une oisiveté autant attachante qu’insupportable, c’est rempli de contrastes, la mise en scène de Eustache se désintéresse de toute idée naturaliste pour plonger dans des flots de dialogues/monologues interminables, tellement interminables qu’on fini par en capter la musicalité d’un certain sens. Alexandre se dévoile et communique sa passion narcissique, et les femmes se confrontent à lui puis à elles-mêmes, on ne sait pas trop où est l’amour là dedans, tout n’est que mots ou sexualité désincarnée, d’où le monologue final (un poil cliché) de Veronika pour en quelque sorte casser le rêve soixante-huitard. Au final les 3h30 se sentent passer, clairement, mais subsistent des fulgurances admirables et fascinantes, à mi chemin entre Godard et Rohmer, dans un univers terne et mélancolique où se mélangent détachement et introspection, pas facile d’accès.
Cthulhu Mantis
Cthulhu Mantis

30 abonnés 82 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 4 juillet 2015
La consécration de la nouvelle vague se termine en beauté avec le chef-d'oeuvre et premier long-métrage de Jean Eustache.

Aujourd'hui si la maman et la putain sortirais, jamais il n'aurait été récompenser, encore moins que lorsqu'il est sorti en 1973. C'est un miracle que le film de Jean Eustache qui été un échec commerciale réussi à parvenir à certains cinéphiles aussi avertis, qu'aventureux et exigeant. Un autre miracle que d'avoir également d'avoir traversé plus de 40 ans alors qu'il aurait eu des chances de tomber bien plus bas dans les oubliettes des mémoires.

Ma découverte de ce film aura été un choc, je ne cache pas qu'il ma fallu un certain courage pour me le faire en entier jusqu'au bout. Il faut dire qu'il y'a plus facile à aborder comme film et demande une grande concentration. Celui qui n'avoue pas qu'il s'ennuie devant le visionnage de ce film lève la main. Je ne cache pas non plus également que cette oeuvre cinématographique peut euthanasier le spectateur. Il ma donner l'impression d'assister à un morceau de vie.

Je me disais j'arriverai jamais à complètement rentré dedans et à passer le cap. Mais enfin de compte les tourments d'Alexandre, de sa situation, sa façon d'aborder les filles m'ont donnée envie d'en voir plu comme si j'avais envie de devenir son ombre. Si on passe le cap de la première demi heure, cela devient intéressant. Les personnages notamment Françoise Lebrun et Jean-Pierre Léaud en particulier aux multiples facettes. Ça parle philosophie, sexe, amour et liberté. L'image en noir et blanc est superbe et la réalisation est faite de long plan fixe. Jean-Pierre Léaud qui incarne le personnage d'Alexandre vient du personnage qu'il incarner dans Masculin-Féminin de Godard inconsciemment après que mai 1968 soit passer ou Antoine Doinel chez François Truffaut qui se serait radicaliser.

Ce film c'est avant tout un texte plus qu'un film comme une pièce de théâtre, d’ailleurs j'ai appris qu'il est adapté. On peut trouver les textes de la maman et le putain en librairie spécialiser et se remettre en boucle les dialogues et ou on en fait très difficilement et lentement le tour. Les dialogues sont très crus, bien écrit et très littéraire.

Une mise en scène à la fois simpliste, radical, épuré au maximum, si vous voulez des mouvements de caméra qui donne le tournis faudra repasser. Ici, c'est champs contre champs et plans fixe, tout pour le personnage ce qui est assez beau. Un petit détail "On pouvait fumer dans les cafés" impensable aujourd'hui. Deux femmes aiment Alexandre, cependant, chacune au fond le veut pour elle seule, avec des rapports qui deviennent paroxystique. Alors certes il est long ce film qu'on envoie pas la fin mais qu'on peut oublier tant le sujet est traité avec profondeur : plus court nous aurait fait passez à coté de la psychologie pénétrante de ce triangle amoureux explosif.

Eustache avait écrit ce film pour une femme(Françoise Lebrun) qu'il aimait et l'avait quitté mais voulait la faire jouer dans un de ses films. Il a aussi demander aux acteurs si il voulait faire un film avec lui et que si ils auraient dis non il aurait abandonner. Exigeant avec les interprètes, le texte devait être su au point et à la virgule prés. Aucune improvisation, le cinéaste avait d'ailleurs appris les textes par cœur, c'est pour dire à quel point cette écorché vif tenait à bras le corps son investissement dans son film.

Ce long-métrage tourné en 16 mm est un cinéma direct qui donne l’impression entre film documentaire et étude sociologique."Ne pas filmer l'action du récit mais le récit de l'action". Le budget du film est ridicule vus qu'il était de 700 000 francs à l'époque qui vaut aujourd'hui 5500 euros environs.

J'ai découvert Jean Eustache par hasard sur you tube en regardant un extrait du film de Gainsbourg Charlotte for ever et sur les autres fenêtres il y'avait un extrait du film mes petites amoureuse avec une scène superbe avec Martin Loeb. J'ai appris que le metteur en scène du film c’était suicider ce qui m'a piqué a ma curiosité sur cette rupture brutale avec la vie surtout avec un métier aussi prestigieux. Cette homme par la radicalité de ses films et des sujets qu'elles abordent l'ont hélas fait régulièrement refréner par les grandes filiales cinématographique.

Si des garçons et des filles, avant de faire la Fémis, d'écrire des articles ou de se lancer dans une histoire de cœur, relisaient les entretiens que Jean Eustache donnait aux Cahiers du cinéma, le cinéma irait mieux et les rapports amoureux seraient moins merdiques.

Un chef d'oeuvre de Jean Eustache que beaucoup de ses détracteur le qualifier comme cinéaste de l'ennuie et de la désillusion. Un film fleuve qui a changer mon rapport au cinéma et à la vie. Quel dommage qu'il ne soit pas éditer en DVD.
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 1 octobre 2014
Pédantesque, sage, poétique et enivrant, ce film et malgré les 3 heures et 35 minutes qui laisse paraître une certaine longueur voire lenteur, est un chef d'oeuvre d'Eustache. A voir absolument !
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