On connaissait le goût de Fatih Akin pour les drames avec le très bon Head on et le superbe De l'autre côté. Mais comme la vie n'est pas toujours sombre, le cinéaste allemand a voulu changer d'air en tournant une comédie dans la ville qui l'a vu naître et grandir, Hambourg. Quelle bonne idée ! Reprenant des thèmes qui lui sont chers, mélange des cultures, lutte des classes, volontarisme, il nous embarque dans le destin de Zinos, jeune restaurateur grec pour qui le quotidien n'est pas toujours facile. Personnages bien trempés, situations burlesques ou plus tendues, background social bien présent, Soul kitchen est tout ça à la fois, avec en plus un sacré goût de vivre. Parce qu'une comédie c'est surtout ça (et pas forcément une histoire de petite fille riche sur la Côte d'Azur) : de la sueur, du sang, de l'alcool, du désirs, du sexe, de l'amour, de la colère, de la bouffe... c'est la vie, quoi ! Rythmé par une BO endiablée, enchaînant les situations avec un réel plaisir, n'évitant pas les clichés de la contre-culture et les grosses ficelles, mais les assumant avec une telle candeur qu'on ne s'en plaint pas, porté par un excellent casting, Soul kitchen s'impose comme LA bouffée d'air pur de ce début d'année. A l'image du cuisinier colérique que Zinos engage (géniale scène du gaspacho), Fatih Akin prouve que le cinéma doit avoir du goût et injecter de l'amour pour être bon. Son film se barre là où on veut le suivre, se venge de ceux dont on veut se venger, et fait briller ceux qu'on veut voir briller. Un vrai régal ! A ne pas louper, le générique de fin, très graphique et très beau...