Après quelques années passées à écrire pour les autres des films plus ou moins glorieux, le duo Evan Goldberg et Seth Rogen passe enfin derrière la caméra pour un premier essai franchement réussi. C’est la fin surfe sur la vague en pleine extinction des films abordant la fin du monde, mais par le prisme de la comédie postmoderne. Le résultat est plutôt fou, bourré d’idées, franchement attachant, mais surtout porté par un tempo comique qui fait des ravages. Mais le procédé peut agacer. Car les deux réalisateurs n'ont qu'une seule ambition : mettre en scène un délire entre potes, comme si tout le film n’était qu’un de ces délires émergeant d’une violente séance de beuverie. Donc soit le spectateur entre dans la délire, soit il reste à distance et risque de s'ennuyer ferme. Mais dans tous les cas, C'est la fin n'est qu'une suite logique des travaux d'Evan Goldberg et Seth Rogen. La première bonne idée dans le film est de permettre aux acteurs de tous jouer sous leur vrai nom. Car ça offre un artifice formidable pour leur permettre de jouer non pas avec leur vraie vie mais avec l’image qu’ils renvoient. Ainsi, le film est truffé de petites piques bien senties à l’image publique de ces stars, comme par exemple l’homosexualité présumée de James Franco qui ne perd pas une occasion de ne pas se prendre au sérieux. Le délire va parfois très loin, allant jusqu'aux présentations des films dans lesquels les acteurs ont joué. Million Dollar Baby, Green Hornet, Spider-Man 3.. Ils ne sont pas tendres avec leur propre travail et ce regard auto-critique est assez salvateur dans un milieu tournant souvent à l’auto-congratulation. Et si cette approche franchement post-moderne ne manque pas de saveur, permettant logiquement une proximité avec des personnalités publiques faisant mine de se dévoiler, de montrer leurs failles et leurs rancœurs les uns envers les autres, cet aspect s’efface relativement derrière la vraie comédie, tout en l’alimentant inconsciemment. Mais le problème, c'est que cet humour et ces personnages relativement geeks, ne vont intéresser et amuser qu'un public restreint. A parti de 40 ans, on ne va pas réussir à savourer ce délire qui allie sexe drogue, geek, et alcool, mais plutôt le considérer comme une purge. Néanmoins, l’écriture de C’est la fin s’avère suffisamment fine pour donner au film un tempo comique qui ne faiblit pas, avec une succession de vannes/gags qui s’enchaînent avec précision et sans jamais baisser de rythme. D’autant plus que C’est la fin évolue lentement mais surement vers le grand n’importe quoi, avec des extraterrestres, des personnages possédés par le démon, des créatures des enfers et autres joyeusetés qui le font basculer dans un cinéma de genre parfaitement assumé. C’est la fin se permet même quelques saillies gores du plus bel effet. Et c'est dans le comique qu'il réussit son pari, notamment grâce à un Danny McBride, hilarant en gros beauf égoïste menant vers une nouvelle preuve de l’auto-dérision de Channing Tatum dans un caméo tout simplement génial. Parfois ça ne vole pas très haut et on part quelques fois dans tous les sens mais C'est la fin parvient à se récupérer à chaque instant, tant l'ensemble s'avère généreux et fou. Un bon délire.