Après des années et des années de development hell, la voici enfin cette adaptation des premières aventures de John Carter, héros créé par Edgar Rice Burroughs au début du vingtième siècle et qui inspirera tout un pan de la science-fiction, de "Conan" à "Flash Gordon", en passant par "Star Wars" et "Avatar". La contribution majeure du papa de Tarzan, la campagne marketing de Disney va étrangement la jeter aux oubliettes lors de la sortie de ce "John Carter" en salles, condamnant le film à un échec relatif (qui coûtera sa place à un dirigeant de la boîte à Mickey), le public n'étant pas familier avec l'univers de Burroughs (et pour cause, les bouquins ont été longtemps introuvables jusqu'à récemment) et nous privant sans aucun doute d'une suite pourtant envisagée. Dommage, car cette adaptation du premier tome, "La princesse de Mars", est loin d'être honteuse. Alors oui, tout n'est pas parfait, à commencer par un léger manque d'ampleur et des incrustations numériques pas toujours heureuses, et l'ensemble risque de faire sourire les spectateurs actuels biberonnés au cynisme depuis belle lurette. Mais hormis ces scories, il faut bien admettre que le film d'Andrew Stanton (le papa de Wall-E) fait preuve d'un premier degré rafraîchissant et d'un amour pour le genre qui fait plaisir à voir, offrant un spectacle familial old school et parfois grisant, prenant quelques libertés avec le matériau d'origine sans que cela n'altère en rien la réussite du film. Pas toujours simple à suivre pour qui n'aura pas lu le livre mais peu édulcoré (ça défouraille pas mal pour du Disney), empreint d'un humour constant et d'une certaine tristesse (superbe séquence voyant le combat acharné d'un Taylor Kitsch parfait dans le rôle-titre mis en parallèle avec la mort de ses proches), "John Carter", s'il n'est pas un monument du genre, n'en reste pas moins un film attachant, qui prouve, avec le très réussi "The Muppets", que Disney, après une belle série de bouses ("Prince of Persia", "Milo sur Mars", "Prom", "Alice au pays des merveilles", "Tron Legacy"), est peut-être sur la voie de la guérison. Seuls les prochains Burton et Raimi nous le diront.