De toute évidence, John Carter est un film souvent jouissif, jamais ringard. Andrew Stanton, avec la créativité qu'on lui connait, brasse différents genres cinématographiques en nous faisant passer par le western d'un Sergio Leone, par le Star Wars de George Lucas, par les contes des milles et une nuits, par l'univers Mad Max, Prince of Persia... Plus qu'un simple spectacle visuel destiné aux plus jeunes, les adultes se délecteront de ces nombreuses références. La patte Pixar est omniprésente, avec des pointes d'humour faussement potaches mais vraiment intelligentes (la scène où John Carter teste la pesanteur est croustillante, pour ne citer qu'elle). Les dialogues sont également très bons dans l'ensemble, et sont une ouverture à différents quiproquos bien sentis (la barrière de langage au début du film). Mais John Carter représente surtout une continuité dans le travail entamé par Stanton dans 1001 Pattes, et repris dans Wall-E : celui d'afficher un message humaniste, inscrit dans un monde utopiste, écolo, où les peuples ne seraient plus en guerre. Même si JC est avant tout un film d'aventures, les sous-entendus fusent de tous côtés pour notre plus grand bonheur. Le point fort, maintenant, se situe dans l'aspect visuel : vu en Imax 3D, les images et les plans sont de toute beauté et participent grandement à l'immersion. Les effets spéciaux, remarquables mais jamais envahissants, sont également un énorme atout. Certaines scènes, impressionnantes (parfois même violentes), valent franchement le détour (notamment le combat dans l'arène). Le point faible, maintenant, se situe dans l'histoire elle-même (aïe) : en l'espace de 2h20, Andrew Stanton tisse des intrigues à n'en plus finir à tel point que ces 2h20 ne suffisent même plus. Du coup, le spectateur se noie dans des évènements qui s’enchaînent les uns après les autres sans qu'aucun ne soit franchement abouti. Préférer la quantité à la qualité, ce n'est vraiment pas l'idéologie de Stanton. A-t-il été bridé par Disney dans sa réalisation ? Possible. Tim Burton en sait quelque chose (Alice). Sans compter les facilités scénaristiques qui se présentent sous nos yeux (la justification du prologue, le médaillon, les autochtones qui se mettent à parler français, ect...).... Par exemple, l'histoire du 9ème rayon, source d'énergie inépuisable, peut s'identifier au travail humaniste cité plus haut, mais honnêtement, dans le film, on s'en moque totalement. On a également du mal à gober la justification de la présence de ces "dieux" (dont l'un est campé par Mark Strong). Certains choix resteront donc contestables, mais sont peut-être imposés par le cahier des charges. Arrêtons-nous enfin sur la performance des acteurs. A ma grande surprise, Taylor Kitsch est certainement le moins ringard des derniers héros "live" Disney (en tout cas loin devant Prince Of Persia et compagnie). L'acteur, qui a pourtant tout pour être moqué, n'hésite pas à user d'auto-dérision et passe même pour l'anti-héro de service (ou devrais-je dire l'anti-prince). La présence de Lynn Collins passe comme une lettre à la poste et ne fait qu'ajouter de la beauté au film (ceci n'est pas une phrase objective). En revanche, je m'interroge sur la présence de Mark Strong ainsi que celle de Dominic West... D'une manière générale, Virginie...heu pardon...John Carter, est un spectacle ambitieux, construit parfois sur des scènes téléphonées (Disney powa), un peu étiré en longueur (même si l'on n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer), mais qui mise tout sur des effets visuels époustouflants, marque de fabrique Pixar. Même si l'on n'a pas devant nous le film inoubliable auquel on s'attendait, je n'hésiterai pourtant pas à le revoir pour quelques euros, afin de savourer une nouvelle fois ces plans, ces scènes d'action virevoltantes, cet humour "stantonien".