Le film "[REC]" de Plaza et Balaguero a eu deux conséquences dans le monde du 7ème Art : 01) nous livrer l’un des meilleurs films d’horreur de la décennie et 02) il a relancé la mode des films en « found footage », même si c’est plutôt pour notre plus grand malheur (la honteuse et futile saga "Paranormal Activity") Après le succès faramineux de leur bébé, les deux compères ibériques décident donc de nous pondre une suite directe à "[REC]". Et lorsque je dis « suite directe », on ne peut pas faire plus direct puisque ce second film commence exactement au moment où se terminait le premier opus, comme le faisait souvent en leur temps les sagas "Vendredi 13" et "Halloween" : n’ayant plus aucun contact avec les occupants de l’immeuble mis en quarantaine,les autorités décident d’envoyer une escouade du GEO (« Grupo Especial de Operaciones », le GIGN espagnol) ainsi qu’un expert du Ministère de la Santé pour découvrir ce qu’il se passe réellement à l‘intérieur…Alors, les réalisateurs se sont-ils contentés de faire un simple copier/coller de leur opus précédent ? Et bien non, bien au contraire : tout d’abord, ils ont la très bonne idée de multiplier les points de vue. Dans le premier film, il n’y avait que la caméra du journaliste, ici chacun des policiers possède une sur son casque en plus de celle que porte l’un d’entre eux à la main, sans oublier deux autres qui apparaîtront plus tard après un certains évènements.Cette multiplication renforce plus que jamais le réalisme puisque l'immersion devient totalement saisissante pour les spectateurs : on n’a plus aucun répit, on ne peut plus « échapper » au danger puisque dès qu'une caméra ne montre « rien », on passe automatiquement à une autre qui est au cœur de l'action, le tout avec de belles idées de mise en scène (l’image d’une caméra B qui s’incruste dans celle d’une caméra A qui zoome pour totalement remplacer la vision de la caméra A). Et on arrive à un autre point positif du film : son rythme. En effet, si l'horreur et l’effroi purs primaient dans le premier opus, "[REC] 2" est tout simplement un véritable grand huit d’'action gore ultra nerveuse pour amateurs de sensations fortes, l’éloignant ainsi radicalement de son prédécesseur (évitant par la même occasion de tomber dans la simple séquelle redite). L’action pure et dure prend alors le contrôle et certains passages prennent carrément des airs de FPS furieux où ça tire dans tout les sens !! Quand on y réfléchi quelques secondes, "[REC] 2" par rapport à "[REC]" rappelle un peu "Aliens" par rapport à "Alien" : même concept de base avec moins de frissons et plus de bourrinage. Outre cette évolution d’ambiance, c’est aussi au niveau de la trame scénaristique que "[REC] 2" innove par rapport à "[REC]" : si le premier opus semblait être un film où il y avait des zombies, avec à la fin une tentative d’amener le récit vers un certain mysticisme avec la découverte du dernier appartement et de son contenu, on n’avait pas réellement d’explication sur le pourquoi et le comment. Dans cette séquelle, Plaza et Balaguero décident alors de donner une justification très fantastique de leur « virus » (origine et symptômes), créant ainsi une véritable mythologie à la saga. Les réalisateurs iront même encore plus loin en développant un certain concept de peur semblant sortir droit d’une œuvre de H.P. Lovecraft, l’indécelable : en effet, ici l’obscurité n’a plus comme seul emploi de nous terrifier au moindre bruit ou silhouette perceptible, non dans "[REC] 2" les ténèbres sont la porte qui s’ouvre sur d’autres dimensions invisibles à l’œil nu : lorsque vous faites face à une pièce et que, lorsque vous éteignez les lumières et allumez la vision nocturne de votre caméra, la pièce est totalement différente au niveau des murs, de la décoration et des meubles, c’est assez flippant et cela amène à chaque utilisation de la vision nocturne une tension malsaine diablement efficace. Paco Plaza et Jaume Balaguero ont donc réussi haut la main la terrible épreuve de la suite (qui est toujours difficile lorsque le premier opus était une excellente réussite !) en évitant le piège du copier/coller tout en proposant de la nouveauté. Si on peut regretter que "[REC] 2" soit moins terrifiant que son prédécesseur, on ne peut que jubiler devant le nouveau côté « FPS bourrin » du film. Et puis, avec cette fin ouverte qui nous pousse à en redemander, je n’ai qu’une seule chose à dire : vivement un troisième opus !!