Avi Mograbi, en face de la caméra, avec dérision, se présente comme le réalisateur de ce film documentaire conceptuel, expérimental et l'on ne sait quoi d'autre. Mais impossible de ne pas y voir le visage d'un homme narcissique, d'un prétendu intellectuel lancé sur l'autoroute de l'actualité politique israélienne. A la base, un ancien soldat israélien témoigne de son rôle dans l'armée et des ravages de la guerre, des meurtres qu'il a commis sous la pression de son entraînement, avouant avec regrets le plaisir qu'il a pris a tuer. Mais Avi Mograbi, pour éviter le classicisme des mots qui suffisent amplement, de leur pureté, à dire l'horreur de la guerre avec douceur, a décidé de franchir ce qui s'apparente comme un nouveau pas dans le cinéma israélien, voire le cinéma tout court. "Z 32" a bien sûr été réalisé avec l'intention mal dissimulée de révolutionner le monde du cinéma, comme l'a fait récemment mais avec une infinie subtilité "Valse avec Bashir" en mixant documentaire et animation pour un travail de mémoire bouleversant. Mais "Z 32" est à mille bornes de la valse ; ici c'est une bourrée qu'effectue lourdement son réalisateur. Le but du film est de masquer chaque personnage, au début par le biais d'un floutage facial, et par la suite par des masques numériques rajoutés aux visages (pourquoi ce changement d'accessoire?), pendant que les intermèdes sont assurés comme une comédie musicale par Mograbi lui-même, chantant des textes écrits pour l'occasion. L'association de la réalité d'un conflit encore existant aux choeurs antiques peine à trouver justification. Le mystère demeure entier ; à quoi rime ce changement de ton toutes les cinq minutes? De paroles graves Mograbi piétine la mémoire pour d'absurdes et insupportables séquences chantées, censées donner une légèreté à un sujet qui n'en a pas. Et puis que symbolise ces masques hideux? La souffrance, le déni, où bien sont-ils là pour effacer le présent? Comment l'implication d'un homme qui reconnaît le carnage gu