Un film fort , épuré, très stylé, qui nous raconte avant tout une très belle histoire d’amour . Il se trouve que l’héroïne féminine de cette romance exerce l’activité de maîtresse Domina, dans un donjon secret, lieu de rendez –vous pour initiés. . Gérard Depardieu est un gars de banlieue, pas méchant, un peu rustre, qui par hasard, en prospectant au porte à porte pour vendre des encyclopédies, rencontre Ariane, une Maîtresse . S’en suivra une passion dévorante et exclusive ente les deux. Mais Depardieu aura du mal à assumer la profession de Agathe. Le film devient de fait un formidable témoignage sur le milieu et la pratique du sado masochisme. Il reste à ce jour le seul et le plus exhaustif document sur cette pratique. Car le film nous montrera une demie douzaine de pratiques extrêmes, filmées de manière très clinique, très descriptive. Les actes SM ne sont pas simulés, les clients sont « réels » et certains actes ( le plus compliqué avec des aiguilles et un marteau ) est probablement effectué par une « professionnelle » ,doublure de Bulle Ogier, car les gestes doivent être précis. En même temps Barbet Schroeder , de manière très astucieuse, fait expliquer par Ariane à Olivier ( qui joue le rôle du candide, à la place du spectateur) , comment fonctionne le principe de la domination, en théorie, puis en pratique. Le côté intellectuel, cérébral de cette démarche est bien expliqué. Schroeder sait trouver le ton juste, sans jugement moral, sans moquerie. Le duo d’acteurs est excellent, avec Bulle Ogier dans un de ses plus grand rôles, juste, sensible, émouvante, mais forte quand il faut dominer, heureuse aussi de cet amour fou inattendu. Depardieu, au mieux de sa forme, papillon perdu dans ce monde sauvage, est un dur au cœur tendre . La réalisation est très belle, une qualité photo exceptionnelle et des plans cadrés au cordeau, toute la partie SM, magnifiquement éclairée. L’allégorie de l’abattage des chevaux très forte aussi (avec comme cadre les abattoirs de Paris 14e , devenus aujourd’hui le parc Brassens ) . Très bel épilogue aussi , très naturaliste , avec la belle scène d ‘amour au volant . A noter enfin au générique Jean -Francois Stevenin, en 1er assistant réalisateur ( à bonne école, pour celui qui réalisera l’année suivante son 1er film , le cultissime « Passe Montagne » , pépite du cinéma français )