Après un remake très nettement en demi teinte cette suite ne m’inspirait que les pires choses, je voyais déjà Rob Zombie tomber allègrement dans un bordel inarrêtable de tueries toutes plus gratuites les unes que les autres, en plus si il comptait reprendre les ficelles du "Halloween II" de Rosenthal dans l’hosto, au secours … Mais en fait ça n’est nullement le cas, car on a bien affaire ici à un scénario original (ouf de soulagement), on peut désormais se concentrer sur une histoire singulière plutôt que d’inconsciemment comparer tout et rien.
Je dois dire que j’ai tout de même pris un peu plus de plaisir à regarder ce deuxième opus, le réalisateur a pu lâcher les chevaux pour proposer une vision neuve de la franchise et ça fonctionne mieux, on se détache totalement la version de Carpenter et on matte du Rob Zombie, du pur Rob Zombie. Pourtant ça n’était pas gagné d’avance puisque le film démarre en trombe sans vraiment de palier de décompression, ça me gène souvent lorsqu’un long métrage ne me laisse pas le temps de m’installer, à peine 10-15 minutes et ça trucide déjà à tour de bras, mais fort heureusement cela reste juste passager, l’escalade attendra. Contrairement à son prédécesseur "Halloween 2" se focalise sur le personnage de Laurie, de la manière dont elle tente de se reconstruire auprès de ses amies jusqu’à cette sombre découverte où elle apprend que Michael Myers est bien son frère, le tueur, lui, prépare son retour en coupant la campagne à travers champ, une capuche masquant son visage au coucher de soleil, sorte d’incarnation du chevalier noir de l’apocalypse, le réalisateur instaure un côté fantasmagorique plutôt profitable pour ce qui est de l’ambiance et de l’originalité du récit, l’apparition de la mère et de l’image de Michael enfant semble déroutante compte tenu de l’aspect très terre à terre de la franchise (hormis le fait que le bougre soit indestructible), Rob tape dans le registre fantastique.
Bien sûr le fait que Myers soit une sorte de représentation démoniaque est évidente, mais là le réalisateur se permet de proposer de vraies symboliques, il faut forcément prendre un certain recul pour assimiler tout ça, personnellement la mère et son cheval resplendissants d’un blanc aveuglant dans les limbes de la nuit sont bien une allégorie de la dualité de Michael et de sa soeur, d’un désir sous jacent de famille recomposée, et ça fonctionne de part la glauquitude des tableaux et de leur composition. La brutalité, elle, est bien de retour, et la vraie force de Rob Zombie c’est de mettre en scène des meurtres totalement gratuits sans jamais tomber dans le nanardesque, on a d’avantage une sensation de malaise, comme le faisait très bien Aja dans "Haute Tension" par exemple, le second degré n’est encore aucunement présent dans ce film (sauf peut être la conversation dans le fourgon mortuaire au début), et pourtant on sait à quel point le père Rob est fort à ce niveau là (notamment dans "The Devil’s Rejects"), mais bon. Cependant il reste encore pas mal de maladresses scénaristiques, le personnage de Loomis est caricatural et décrédibilise les enjeux principaux, ses séquences coupent le rythme à de nombreuses reprises, pourtant le reste est plutôt plaisant à suivre même si quelques clichés surgissent inévitablement de temps à autres.
Par contre cette fin je l’ai trouvé complètement nulle,
cette fois c’est le perso de Laurie qui lâche prise et tombe dans le grotesque, le récit veut en quelque sorte matérialiser le symbolisme de la confrontation Laurie-Michael et ne sait pas comment faire, c’est navrant, là on est presque dans un téléfilm de NRJ12, le scénario s’embarque dans des facilités déconcertantes en voulant jouer des ambivalences avec de gros sabots. "C’est dans ton esprit", quoi ?! Jouer la carte de la démence (passagère) ne passe pas, ça nous tombe sur le paletot comme ça et on est sensé trouver une quelconque logique dans tout ça, non, désolé mais non. Sans compter que la dernière scène se veut être un twist, mais semble absurde, que doit on en penser ? Qu’elle a tout inventée depuis le début ? Qu’elle est en passe de prendre le relai de son frère ? Tout semble bien trop vague et ne laissant que trop peut d’indices pour avoir un réel point vue, enfin en tout cas me concernant, et puis j’ai pas forcément de le revoir pour piger le dossier.
En conclusion ce second volet souffle le chaud et le froid, le fait que Rob Zombie se soit affranchi de l’héritage de Carpenter lui fait du bien, le contenu est tout juste correct et assez efficace en terme d’horror movie gore et violent, mais malheureusement le scénar’ montre encore un fois des faiblesses, on sent qu’il y a de l’ambition derrière tout ça mais la manière manque de tact et de maitrise, la mise en scène reste l’atout numéro un, avec aussi au passage quelques partis pris techniques intéressants. Enfin après avoir vu quatre films du monsieur, j’ai au moins constaté un truc, Rob ne sait pas finir ses films.