Courte escapade au coeur d'un Londres contemporain mais qui, sous le style du N&B, a perdu l'empreinte du temps, "Somers Town" est une petite surprise de simplicité et d'humanité. Le problème, c'est que l'adjectif 'petit' s'applique partout dans le film : trop court, donc trop peu développé, trop anecdotique, trop resserré sur ses personnages, et presque trop simple. Comme une légère variation des 400 coups de Truffaut, le réalisateur de l'excellent "This is England" parvient à retrouver le charme perdu d'un cinéma sans prétention et qui semble dater, venu d'ailleurs, sous les vestiges du cinéma lui-même. Les séquences en deviennent touchantes, bien jouées par les deux jeunes à qui l'on saura reconnaître la modestie du naturel (le jeune Thomas Turgoose, de plus en plus demandé, aurait pu jouer les grosses têtes). Seulement voilà, si la réalisation est juste et la musique douce, toute à l'image du film, celui-ci s'oublie aussitôt les lumières rallumées. Il s'agit d'un crochet à la morosité, plein de lumière parmi les grisailles et les textures charbonneuses du noir et blanc, mais qui peine à décoller faute de base solide et de proposition d'idées. Le cinéma n'est plus qu'une ouverture humaine dénuée de toute présence artistique (contrairement à la finesse technique masquée par le naturel des situations dans "Les 400 coups"), dans lequel quelques âmes errantes s'illuminent le temps d'un voyage écourté, lancinant, jamais poseur mais à l'interêt réduit. Charmant et simplet à la fois, nostalgique et passe-partout, "Somers Town" est un film un brin facile, mais convaincu. La fin, elle, en rebutera plus d'un, à la fois dans le parti pris discutable de la coloration mais aussi dans la naïveté agaçante qu'elle dessert au nom du film entier.