Un puta madre de film
Juan (Alberto Ammann) est surveillant de prison, du moins pas tout à fait : il commence demain. Pour se faire bien voir, il se rend sur le lieu de son futur travail pour visiter les lieux. Mais ce jour-là, une mutinerie éclate dans la prison, menée par le détenu connu sous le nom de Malamadre (Luis Tosar). Pour Juan, sa seule chance est de se faire passer pour un détenu. Pendant ce temps, sa femme Elena (Marta Etura), enceinte de leur fils, s’inquiète de ne pas le voir revenir.
Récompensé par pas moins de huit Goya dans son pays, Cellule 211 est LE film espagnol de l'année. Il nous emmène dans un univers carcéral mainte et mainte fois décrit au cinéma, mais jamais aussi bien qu'ici. Les prisonniers présents dans cette aile sont les récalcitrants, les récidivistes, des criminels de la pire espèce.
Le spectateur va vivre cette mutinerie avec trois points de vues différents. Le premier est celui de Juan, le gardien se faisant passer pour un prisonnier. Son but sera de rester en vie jusqu'à la fin de la rébellion, sans éveiller les soupçons sur son identité réelle. Le deuxième est celui des détenus, emmenés par le terrible Malamadre, dont les revendications seront divulguées par la suite. Le troisième est celui des dirigeants de la prison, qui vont tenter de mettre fin à cette révolte, et qui on le verra se sont pas forcément meilleur que leur détenus.
S'il est quelque chose à retenir de Cellule 211, c'est le travail sur les personnages et sur les rapports de force. Malamadre, ce criminel craint de tous, est un paradoxe à lui tout seul. S'il est capable d'être sans foi ni loi avec les gardiens ou les prisonniers qui lui tiennent tête, il est aussi soucieux de savoir comment va la femme de Juan, et s'inquiète du traitement des prisonniers dans les quartiers de haute sécurité. Il joue un peu le rôle du gentil méchant, celui qui se sait perdu et qui va essayer d'aider ses compagnons.
Le personnage principal, Juan, va lui se retrouver dans un monde où il a tout à craindre. Son seul et unique but, du moins au départ, sera de sauver sa peau en attendant que la situation se calme. Les divers évènements vont peu à peu lui faire changer ses priorités. Si j'avais un reproche à formuler sur Cellule 211, c'est que Juan gagne un peu trop vite la confiance de ses "compagnons" et surtout celle de Malamadre, qui va le prendre sous son aile. Malgré ce détail, Cellule 211 est un grand film, une œuvre qui modifie notre vision du milieu pénitencier. La prestation des différents acteurs est à souligner, d'autant que certains petits rôles étaient tenus par des vrais détenus !
Il est difficile de ne pas faire le parallèle entre Un Prophète et Cellule 211, les deux traitant du milieu carcéral et ayant reçu de nombreuses récompenses dans leurs pays respectifs. Si le film de Jacques Audiard traite plutôt des rapports quotidiens entre prisonniers, celui de Daniel Monzón raconte les rapports entre les détenus et les gardiens, et les médias. Mais il est à signaler que leurs univers sont tous deux très réalistes, bien plus qu'un Prison Break par exemple.
J'ai également un autre reproche à faire en ce qui concerne l'affiche principale du film que je trouve particulièrement laide et qui ne reflète en rien l'ambiance générale du film. Elle me fait penser plutôt à un mauvais film de gang, et ne donne absolument pas envie de rentrer dans la salle pour voir la suite.
Pour finir sur une bonne note, Cellule 211 est un film poignant, impressionnant et ultra-réaliste, qu'il faut absolument voir ne serait-ce que pour le personnage de Malamadre. Un des gros chocs de l'année.