Ce n'est ni un chef-d'oeuvre, ni même le film du mois, mais "The Square" est un petit thriller australien bien troussé, que l'humilité et l'absence de dramaturgie maniérée et grandiose rendent tout à fait charmant. Mieux que la plupart des thriller maison, "The Square" utilise une ambiance travaillée et un cadre de personnages très crédible et creusé pour installer une histoire à priori banale, dont la construction fait justement penser à une forme géométrique, tel le carré - non résolu au final - du titre. Et le film, durant 1h40, reposera sur une série de péripéties parfois chargées, encombrantes, mais qui, par l'instinct totale de l'écriture et la présence incroyable des acteurs, prennent vie d'une manière plus vraie que réelle. Ainsi le suspens nous entraîne rapidement dans un délire crescendo et de plus en plus jouissif, où tout se désaxe et où rien ne se passe comme prévu. La force du film est d'arriver, d'un seul trait, de la vision idéaliste d'un couple d'amants qui forge le départ de l'histoire, à l'horreur totale de la fin, où les drames se décuplent d'une manière aussi naturelle qu'improbable. A vrai dire, le coup de feu final semble d'ores et déjà inoubliable. On regrette alors que le cinéaste, pour son premier film, ait abandonné sa mise en scène au statut d'une simple efficacité, sans véritable contenu visuel. Si celle-ci suffit toutefois à nous mener dans l'enfer de cette histoire d'amour terrible et qu'elle réussit tout à fait à retraduire de nombreuses ambiances ou tensions, elle peine en revanche à agencer chaque péripétie dans un cadre solide dont l'impact visuel serait parallèle à celui du scénario, remarquablement écrit même s'il ne révolutionne pas le genre. Et puis il y a toujours ce plaisir à être engagé dans le récit, à entrer dans un montage frénétique et parfaitement rythmé, dans un "Domino Dead" qui ne finit jamais, en subissant les terribles conséquences de cette simple histoire d'adultère, qui se continue en une accumulation de morts in