The Stuff, film de Larry Cohen, est, comme souvent dans les réalisations de ce-dernier, une petite série B fauchée aimable mais sans grande portée.
Le casting n’est pas franchement des plus réussis. Les acteurs sont globalement tous un peu largués, ou trop caricaturaux et excessif pour appuyer un minimum le métrage. Dans la première catégorie, celui qui m’a paru le plus perdu est indéniablement Garrett Morris, qui en plus est doté d’un personnage assez bizarre, qui ne convainc pas du tout. Dans la seconde catégorie je mets Paul Sorvino, seul acteur ayant vraiment quelques faits d’armes. Ici il apparait dans un second rôle, mais le prend avec trop de légèreté, et même si The Stuff n’est clairement pas un métrage vraiment sérieux, virer à la franche comédie n’était pas un choix des plus judicieux. Dans l’ensemble aucuns acteurs ne laissent de vrais souvenirs.
Le scénario développe une intrigue appartenant au sous-genre, assez rare, des attaques de produits alimentaires ! Ici c’est donc une sorte de substance à l’allure de yaourt, et bien sur dans la ville tout le monde et fou de cet aliment ! Bon, ca donne lieu à quelques scènes sympathiques, maintenant, l’ensemble ne vole pas très haut, et surtout n’exploite pas franchement le particularisme de sa créature. Le rythme n’est pas des plus enthousiasmant non plus, il n’y a pas beaucoup de réelles surprises, la fin est assez moyenne et attendue, et au bout du compte dans le genre Le Blob est nettement plus réussi. Je ne dis pas qu’il est impossible de prendre un certain plaisir à suivre l’histoire (j’ai plutôt apprécié pour ma part), mais il ne faut pas être exigeant.
Sur la forme, Cohen ne disposait pas d’un budget colossal, alors bon, forcément cela s’en ressent. Sa mise en scène est plutôt bonne. Un peu trop technique peut-être, pas assez de recherches artistiques, mais il y a de bons passages. Le monstre notamment est généralement bien filmé (étant donné sa nature c’est quand même pas mal !), même s’il ne parvient pas toujours à sauver les effets visuels. La photographie reste très typique de ces petites productions d’époque, avec là aussi une boulot minimaliste, qui relève plus de l’utilitaire que de la recherche artistique. Il en va évidemment de même pour les décors. Alors au niveau effets visuels, je suis partagé. Certains sont plutôt réussis, en particulier lorsqu’ils mettent en scène le monstre dans son intégrité physique. D’autres sont peu réussis (lorsque le monstre sort des corps humains), et d’autres sont vraiment foireux (les attaques de la créature dans leur ensemble). Alors certes difficile d’être exigeant avec ce type de série B fauchée, mais là un effort supplémentaire aurait pu être fait. Par ailleurs The Stuff n’est pas vraiment horrifique. Il est nettement moins racé que le Blob de ce point de vue (version Chuck Russell j’entends), et étant donné la dimension ultra-artisanale des effets horrifiques, difficile d’avoir clairement la frousse. Quant à la musique elle est assez décevante. Les films des années 80 m’ont souvent habitué à mieux, et ici il manque clairement un vrai bon thème estampillé eighties.
En gros, The Stuff peut être vu, mais il n’a rien de mémorable. Pas si mauvais que cela, il apparait surtout limité dans toutes ses dimensions, et du coup il peine à convaincre. Par ailleurs il n’exploite pas toutes les possibilités qu’offrait sa créature, pour virer à un film de monstre archi-classique, et sans réelles originalités par rapport à ses deux références, nettement meilleures : L’invasion des profanateurs et Le Blob.