Pour traiter du début de l’adolescence du côté des « losers », plusieurs traitements étaient possibles. Faire l’apologie de ces losers (une comédie grasse a l’américaine donc), les mettre au centre du film mais les tourner en ridicule (une comédie grasse sans aucune sensibilité ni profondeur donc) ou tourner ces losers en ridicule tout en les analysant (une comédie comme Supergrave). Si le traitement de Sattouf se rapproche le plus du 3eme, il est encore différent : son film est traité avec réalisme. Mais il n’en reste pas moins une comédie, avec des dialogues parfois excellents, et beaucoup aidé par ses deux protagonistes principaux, un arabe fan de métal, mais surtout, l’hilarant acteur principal. Mais Les Beaux Gosses c’est donc surtout le premier film qui parle avec une sincerité entière de l’adolescence notamment chez les garcons, avec les pulsions, les fantasmes et les pratiques qui la caractérisent. Et quoi de mieux justement pour accentuer ce réalisme, de centrer l’histoire sur les individus les plus touchés par cette période de la vie: ceux qu’on peut appeler loser. Et ainsi Sattouf ne fait pas les choses a moitié, multipliant les scènes de branlette ou les plans laids. Mais le mieux est que Sattouf ne fait pas qu’installer cette ambiance réaliste crade, il va développer une histoire et ses personnages. Le héros, en pleine adolescence va sortir, sans vraiment savoir comment cela lui est tombé dessus, avec une jolie fille. Et la il va commencer a passer du coté des gens normaux. Tout est question de hiérarchie dans ce film, comme le laissait présager la scène où un débat est fait dans la classe pour savoir si il faut classer les notes ou non, et oùu un élève dit que « les forts doivent écraser les faibles ». Le personnage d’Hervé était un faible, il était « moyen » comme le disait sa mère, mais un jour il obtient un 12/20, et il va avoir une expérience, qui va donc le changer. Pas individuellement (a part au niveau de la confiance), mais aux yeux des autres, et ce jusqu’à la confirmation : quand une fille lui demande de sortir avec lui et qu’il va la remballer en la traitant de « boudin ». Il est monté sur l’échelle, maintenant, il n’appartient plus aux moches. Et le reste du film suit ce développement-la. Les Beaux Gosses est donc une film subtil, touchant, parlant avec réalisme et justesse de l’adolescence du côté des non-gâtés (l’anti-LOL en quelque sorte), et qui réussit en plus a être hilarant.