Après 6 ans d'attente depuis Permis de tuer, Bond est de retour, avec un relookage total : nouveau staff, nouvel interprète, nombreuses nouveautés, dont le fait que M soit une femme mûre n'est pas la moindre, ce qui vaut une excellente scène au début du film, où M rabaisse plus bas que terre le surhomme du MI6, en le comparant à un dinosaure, un produit périmé de la guerre froide... ce virage amorce une tendance plus dure et plus sévère dans les relations entre Bond et M, et ça augmentera bien plus tard lorsque Daniel Craig reprendra le rôle. En tout cas, le personnage de 007, dépoussiéré, plus humain, un peu plus féroce mais charmeur et toujours enclin aux punchlines drolatiques, est bien ancré dans sa nouvelle époque, Pierce Brosnan a le physique de l'emploi et redonne au personnage le cynisme qui caractérisait l'époque Sean Connery. Les scènes d'action doivent tenir compte aussi de l'avancée technologique des années 90, elles sont spectaculairement bondiennes, à l'image de la séquence d'ouverture décoiffante (avec d'abord le fameux saut à l'élastique vraiment effectué par le cascadeur, sans trucage), et surtout de la poursuite démentielle dans les rues de Saint-Petersbourg avec un tank. Le casting est impeccable, avec Sean Bean en méchant qui retrouvait un rôle de premier plan, bien avant le Seigneur des Anneaux, une Famke Janssen mordante, et Robbie Coltrane excellent en Valentin Zukovsky truculent. En tant que fan invétéré de la franchise, j'ai aussi apprécié le petit clin d'oeil aux anciens Bond : l'Aston Martin DB5 ressuscitée lors d'une superbe séquence de poursuite au début avec une Ferrari Testarossa, sur les routes de Côte d'Azur. Au final : un virage parfaitement négocié pour la franchise qui prenait quand même un risque, et qui demandait donc confirmation, mais c'était sans compter sur le talent du réalisateur Martin Campbell qui a rendu une excellente copie.